Avec l’arrêt du gaz russe, une redistribution des cartes
Depuis le 1er janvier 2025, le gaz russe ne transite plus par l’Ukraine, Kiev ayant refusé de renouveler l’accord quinquennal qui le liait au géant russe Gazprom. Avec la fermeture de cette voie principale d’approvisionnement, l’Europe doit désormais se tourner vers d’autres acteurs pour compenser le déficit. Ce qui pourrait conduire à une recomposition du marché.
C’est bel et bien terminé. Depuis le 1er janvier 2025, le gaz russe ne transite plus par l’Ukraine. Kiev a décidé de ne pas renouveler l’accord quinquennal qui le liait au géant russe Gazprom. Volodymir Zelensky avait déjà prévu qu’il romprait le contrat à la fin de l’année 2024. Car pour lui il n’était plus question d’alimenter en argent la machine de guerre russe, quitte à se couper soi même d’une manne financière non négligeable.
L’Ukraine coupe une importante source de financement de la guerre de la Russie
En effet, la livraison de gaz à l’Europe via l’Ukraine permettait à Moscou de percevoir chaque année 6,3 milliards d’euros de revenus. C’est une somme conséquente qui échappe désormais à la Russie, à un moment où elle commence à ressentir les effets douloureux des sanctions occidentales. Kiev lui arrache donc une importante source de financement de sa guerre, cyniquement appelée « opération spéciale ».
Une grande victoire pour Zelensky
C’est tout ce que Volodymir Zelensky cherchait à faire depuis longtemps. Et tant pis pour les 800 millions d’euros que son pays percevait en guise de droits de transit. Pour le président ukrainien, l’essentiel était de faire mal aux finances de Vladimir Poutine. Il considère ainsi la fermeture du robinet comme « l’une des plus grandes défaites de Moscou ». Mais a-t-il pensé aux Européens ? L’Ukraine pense leur avoir donné assez de temps pour trouver des alternatives, depuis l’invasion à grande échelle de la Russie en 2022 et même depuis l’occupation du Donbass en 2014.
Le gaz russe ne constituait plus que 19 % des importations de l’UE en 2024
Heureusement, l’Europe a eu l’intelligence de constituer des stocks pour parer à une coupure brutale de la part de Moscou. Elle a aussi réduit progressivement, mais dans la douleur, sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. En septembre 2024, le gaz russe ne constituait que 19 % des importations de l’UE, contre 45 % en 2021. Cette part devrait encore baisser après la fermeture du transit ukrainien, redistribuant les cartes. D’autres acteurs devraient prendre les parts de marché laissés par la Russie. On pense principalement aux États-Unis, qui ont toujours rêver de devenir le fournisseur privilégié de GNL d’Europe, à la place du grand rival russe.
La Norvège remplace progressivement le gaz russe
Mais, actuellement, les Américains ne sont que les deuxièmes fournisseurs de gaz naturel liquéfié d’Europe, avec 20% des parts de marché. La Norvège occupe la première place. Profitant de sa situation géographique et des sanctions contre la Russie, le pays nordique est devenu le principal robinet de l’UE ces dernières années. Il pèse pour 30% des approvisionnement du Vieux continent.
Vers une redistribution des cartes
En troisième position arrive la Russie avec 15%. En effet, les Vingt-sept continuent d’importer du gaz russe via le gazoduc TurkStream, en mer Noire, et sous la forme de GNL. Un approvisionnement qui témoigne des incohérences de la politique de l’UE. L’Europe tire aussi 14 % de son gaz d’Afrique du Nord, principalement d’Algérie. Les 20 % restants proviennent de plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Azerbaïdjan et le Qatar. Tous ces acteurs pousseront leurs pions pour gagner de nouvelles parts de marché.