Syrie : doit-on se réjouir de la victoire du HTS ?
Le terrorisme à la place de la dictature. En Syrie, les rebelles islamistes du Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) ont renversé l’autocrate Bachar el-Assad le samedi 7 décembre. Plusieurs responsables politiques occidentaux ont salué cet évènement comme le début d’une nouvelle ère, celle de la liberté et de la démocratie. Mais doit-on, ou peut-on, se réjouir de la prise du pouvoir par des terroristes ?
Les rebelles syriens, conduits par le groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), ont renversé le dictateur Bachar el-Assad le samedi 7 décembre, après une offensive éclair partie de leur fief Idlib. Mal traitée et démotivée, l’armée syrienne a fait le choix de la débâche. Le président syrien, lui, a été exfiltré vers Moscou par ses parrains russes.
« La chute du régime d’Assad est une bonne nouvelle »
En Syrie, cette victoire éclatante des rebelles a été saluée par une grande partie de la population, opprimée depuis plusieurs décennies par la dynastie des Assad. Elle est présentée comme le début d’une nouvelle ère, celle de la démocratie et de la liberté. Ailleurs dans le monde, la même réaction domine, en particulier en Europe. En France, Jean-Noël Barrot évoque « un moment historique pour la Syrie et l’avenir du peuple syrien. ». Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères pense que « la chute du régime d’Assad est une bonne nouvelle pour le peuple syrien, qui doit désormais prendre son destin en main ».
La Syrie aux mains des tueurs de Samuel Paty
Pourtant, les rebelles qui ont chassé Assad du pouvoir sont pour la plupart des islamistes du Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), un mouvement terroriste issu de Daech. Il faut d’ailleurs rappeler que le tueur de Samuel Paty avait des contacts avec un membre de ce groupe. Le leader du HTC, Abou Mohammad al-Jolani, s’est également radicalisé depuis 2003. Cet individu est reconnu comme un terroriste, même s’il tente de polir son image, en rassurant les chrétiens et les minorités syriennes depuis la prise de Damas.
Des voix s’élèvent pour rassurer sur les bonnes intentions des rebelles en Syrie
D’après David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), la doctrine « islamo-jihadiste s’inscrit dans un cadre national » et non « international ». Jean-François Ricard, ex-procureur de la République antiterroriste, va lui jusqu’à dire que « la menace terroriste n’est pas leur priorité, c’est certain ». Mais peut-on croire en la parole de djihadistes qui ont tout intérêt à se montrer sous un bon jour pour éloigner d’abord les regards des puissances occidentales ? Un terroriste peut-il vraiment changer ?
Un régime islamiste rime avec chaos, divisions, terrorisme…
Pour Florian Philippot, ancien vice-président du Front national, c’est impossible. Il s’étonne des déclarations des politiques européens qui appellent à « se réjouir de la prise de pouvoir en Syrie par Jolani et ses comparses », alors que ces derniers ont déjà demandé aux chrétiens de ne plus faire sonner les cloches des églises, pour le moment. Le fondateur du mouvement politique « Les Patriotes » se désole aussi qu’à « chaque fois que ‘’l’État profond’’ a cassé un pays pour y mettre au pouvoir un régime islamiste, ça n’a été que chaos, divisions, terrorisme, chasse aux chrétiens et partition du pays ».
A vouloir se débarrasser d’Assad par tous les moyens, on pourrait empirer la situation en Syrie
Florian Philippot en veut pour prouve l’Irak et la Libye, actuellement dans une anarchie totale. En Libye, la communauté internationale avait salué la chute du dictateur Kadaffi et félicité les insurgés pour leur engagement en faveur de la « liberté » du peuple libyen. Mais ce fut une désillusion. Aujourd’hui, les groupes armés se déchirent et mettent tout en ruine. Cela risque de se répéter en Syrie, où il existe plusieurs factions rebelles (armée syrienne libre, milices proturcs, PKK et même Daech). A vouloir se débarrasser d’Assad par tous les moyens, on risque ainsi d’enfoncer davantage ce pays et même de s’exposer à une recrudescence du terrorisme en Europe.