[Critique livre] – « Le futur de l’économie collaborative » d’Edouard Dumortier : un outil de persuasion au service des plus sceptiques
Longtemps reléguée au rang d’économie de second plan, l’économie collaborative s’impose jour après jour dans notre société comme la solution aux problématiques actuelles. Edouard Dumortier, fondateur d’AlloVoisins, parvient à décrypter cette tendance de fond au travers de son premier livre baptisé Le futur de l’économie collaborative. Ce recueil, qui permet de démêler le vrai du faux, éclaire les lecteurs amateurs ou experts sur le sujet et participe à sa démocratisation…
Entre idées reçues et réalité
Si l’économie collaborative apparaît comme une notion obscure pour bon nombre d’entre vous, elle a, depuis des années déjà, investi la scène économique. Si « collaboration » il y a, l’économie du partage est souvent rattachée au domaine de la solidarité et du service rendu, sans véritable prise en compte du terme « économie », élément pourtant central. Un contre-sens souligné par Edouard Dumortier, auteur de Le Futur de l’économie collaborative, paru récemment aux éditions Hermann. Dans cet ouvrage, les nouvelles tendances en la matière y sont largement détaillées par l’auteur qui parvient à faire un constat de notre société actuelle, amenée à muter davantage avec le rebond de l’épidémie du Covid-19. Au travers de son livre, Edouard Dumortier peint le tableau réaliste et fascinant d’une économie responsable et durable, qui répond aux besoins réels des citoyens. L’auteur y démêle ainsi le vrai du faux, l’application concrète de l’économie collaborative face aux idées reçues…
Idée reçue n°1 : L’économie collaborative, un effet de mode ?
Force est de constater que la crise actuelle accélère certains phénomènes. Les Français, contraints à limiter leurs déplacements lors du confinement, se sont pour beaucoup dirigés vers des commerces de proximité, favorisant de facto les circuits-courts et les produits d’origine France. En effet, le made in France et les produits bio n’ont jamais eu autant le vent en poupe. Cette marche forcée vers une consommation raisonnée a permis de mettre en exergue d’autres phénomènes. Les services de proximité se sont eux aussi accrus, faisant la part belle à la solidarité. Est-il toutefois légitime de parler d’un effet de mode ? Pour l’auteur, certainement pas. Si l’économie collaborative prend racine dans ses manifestations, elle n’en reste pas moins une tendance de fond, propulsée sur le devant de la scène par la crise.
Idée reçue n°2 : L’économie collaborative, une économie de seconde zone ?
Edouard Dumortier revient dans son livre sur les épisodes de crise multiples que notre société a affronté au cours de l’Histoire. Une tendance commune en ressort : les Français ont toujours dû faire face à la baisse relative de leur pouvoir d’achat. Et cette observation, qui prend tout son sens à l’heure où ces mots sont couchés sur papier, nous impose de revoir nos modes de consommation. Les habitudes changent pour répondre toujours plus aux besoins des Français. C’est à juste titre que l’auteur prend l’exemple de Blablacar, un service de covoiturage qui repose entièrement sur le modèle de l’économie collaborative. À l’heure où l’achat d’une voiture peut être remis en cause (investissement, pollution, usage irrégulier…), nombreux sont ceux qui font appel de manière ponctuelle à cette solution pour se rendre d’un point A à un point B. À partir du moment où le besoin est satisfait (le résultat), nous explique l’auteur, à quoi bon « posséder » le moyen ? L’économie collaborative prend alors tout son sens et s’impose, selon lui, comme la solution aux problématiques actuelles.
« L’économie collaborative ne change pas ce qu’on consomme mais la façon dont on consomme »
La messe est dite. Edouard Dumortier n’entend en rien donner des leçons de morale sur l’hyperconsommation. Bien au contraire. Pour lui, l’économie collaborative incite à la consommation. Consommer oui, mais mieux ! Autrement dit, ce modèle marchand, qui tend à délaisser progressivement la propriété au profit de l’usage, prône des modes de consommation raisonnés et promeut l’équilibre économique. « L’économie collaborative ne change pas ce qu’on consomme mais la façon dont on consomme. » Le consommateur responsabilisé devient à son tour responsable et peut entrer dans ce cercle vertueux de l’économie collaborative. À cet effet, il est amené à proposer ses services (et donc bénéficier d’un complément de revenu) ou bien à demander de l’aide (et donc profiter d’un service moins cher). Cette relation gagnant-gagnant est le socle de l’économie collaborative. Mais ce n’est pas tout. Edouard Dumortier précise également que cette nouvelle mise en relation offre de nombreux avantages, en plus du bénéfice financier : les consommateurs adeptes de l’économie collaborative multiplient les connexions, faisant dans la foulée des rencontres. Ce sont ces interactions humaines qui favorisent l’élan de solidarité.
Fondateur de la start-up nantaise AlloVoisins, Edouard Dumortier se pose comme un observateur privilégié du monde économique. Dans ce livre, l’auteur invite chaque lecteur à se remettre en question et à repenser ses pratiques consommatoires. Grâce aux multiples exemples issus de la vie quotidienne, il nous partage les enseignements qu’il a pu tirer, participant à la démocratisation d’un concept abscons.