Un vent de jeunesse souffle sur l’industrie touristique marocaine
Alors que le Maroc vise les 20 millions de touristes par an et que sa compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, veut s’imposer comme le leader du ciel africain, les ambitions du pays sont portées par une équipe de jeunes professionnels dynamiques, pour la plupart passés par le privé comme Nadia Fettah Alaoui, Abdelhamid Addou, Yassir Zenagui et Adel El Fakir.
Une nouvelle ministre pour de nouvelles ambitions : fin octobre, Nadia Fettah Alaoui a été nommée à la tête du ministère du Tourisme du Maroc. Une première pour une femme à ce poste hautement stratégique, le tourisme représentant en effet une manne pour le pays : d’après les dernières estimations de l’Observatoire du tourisme (OTM), le royaume a ainsi accueilli quelque 5,4 millions de visiteurs internationaux entre janvier et juin, un chiffre en hausse de 6,6 % par rapport à l’année 2018. Un chiffre, surtout, qui devrait être multiplié par quatre d’ici fin 2020, le Maroc tablant sur 20 millions de touristes annuels, ce qui lui permettrait de se classer parmi les vingt premières destinations mondiales.
Nadia Fettah Alaoui, une femme pour relancer le tourisme marocain
Ces ambitions, que d’aucuns jugent difficiles à atteindre dans le temps imparti, semblent pourtant taillées pour la nouvelle ministre. Diplômée de HEC Paris, Nadia Fettah Alaoui a fait ses classes dans la finance casablancaise, créant son propre fonds de capital investissement avant de rejoindre, en 2005, le groupe Saham Finance, dont elle prendra la tête à partir de 2017. Membre du réseau international Women Corporate Directors, la quadragénaire intègre la même année le club des cinq femmes africaines les plus influentes et décroche, l’année suivante, le titre de « CEO of the Year » remis par l’Africa CEO Forum.
Aux commandes du ministère du Tourisme, Nadia Fettah Alaoui devra s’atteler à plusieurs défis de taille. À commencer par la signature, d’ici à la fin de l’année, du contrat-programme entre l’État marocain et la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) : un accord stratégique pour la compagnie nationale, qui aspire à s’imposer comme le leader africain et un « transporteur global », dépassant les 14 millions de passagers en 2025. La nouvelle ministre devra également s’atteler au développement de l’écotourisme, encore très minoritaire dans le pays et pourtant particulièrement porteur, notamment auprès des voyageurs européens.
Abdelhamid Addou, l’homme qui doit transformer Royal Air Maroc
Pour relever ces défis, Nadia Fettah Alaoui pourra compter sur Abdelhamid Addou, le président de RAM. Issu de la même génération il a, comme sa ministre, gravi rapidement les échelons en devenant en 2016 et est, à 44 ans seulement, le plus jeune PDG de l’histoire de la compagnie aérienne. Petit génie du marketing et des campagnes de publicité virales, Addou avait été nommé en 2008 à la tête de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), où il orchestrait déjà la promotion du pays à l’étranger. Ayant réussi à réconcilier les Marocains avec leur compagnie nationale, aux tarifs jusqu’alors jugés trop chers, il copilotera avec sa nouvelle ministre de tutelle la transformation stratégique de Royal Air Maroc.
Yassir Zenagui, l’homme qui murmure à l’oreille du roi
Un duo de choc qui pourra compter sur le soutien appuyé de Yassir Zenagui, le conseiller du cabinet royal au tourisme et prédécesseur de Mme Alaoui au ministère. Lui aussi quarantenaire, le benjamin du cabinet royal aurait directement œuvré pour la nomination d’Abdelhamid Addou à la présidence de la RAM. Les deux hommes, qui se sont côtoyés de près lorsque Zenagui était ministre, savent pouvoir compter sur l’appui du roi Mohammed VI, qui serait lui-même reconnaissant à Zenagui d’avoir développé les relations du Maroc avec les monarchies pétrolières du Golfe.
Adel El Fakir, un jeune connaisseur des réseaux sociaux à la tête de l’ONMT
Enfin, les ambitions touristiques du Maroc et celles de la RAM pourront être servies par l’entregent d’Adel El Fakir, fraîchement nommé (en 2018) à la tête de l’ONMT. Cet autre as du marketing, spécialisé dans les réseaux sociaux et lui-même influenceur très suivi sur Twitter, ancien de Bel Maroc et de Coca Cola, entend bien insuffler un peu de la rigueur et de l’efficacité du privé dans le secteur public marocain. Avec Nadia Fettah Alaoui, Abdelhamid Addou, Yassir Zenagui et Adel El Fakir, un vent de jeunesse souffle définitivement sur le tourisme marocain. Un renouvellement des générations bienvenu pour dynamiser un secteur vital et encore trop sous-estimé pour l’Économie du royaume chérifien.