RE 2020 : la construction neuve au service du climat

RE 2020 : la construction neuve au service du climat

La future Réglementation environnementale 2020 (RE 2020) des nouveaux logements neufs doit entrer en vigueur en 2020. Un enjeu de taille pour les constructeurs… A travers cette nouvelle réglementation se joue l’un des défis majeurs de la politique climatique de la France. 

Le bâtiment représente en effet près de 25 % des émissions de CO2 de l’Hexagone, dont une part importante est liée, directement ou indirectement, au chauffage. A partir de 2020, les logements devront être alimentés à partir d’énergies renouvelables et bas carbone. Adieu donc la Réglementation thermique 2012 qui faisait la part belle aux énergies fossiles, et principalement au gaz naturel. Le gouvernement et les acteurs de la filière souhaitent accélerer le développement des énergies renouvelables pour lutter efficacement contre les gaz à effet de serre. « Le secteur du bâtiment, qui n’accueille aujourd’hui que 16 % de chaleur de source renouvelable, constitue un enjeu majeur pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Compte-tenu des objectifs que la France s’est fixés en matière de développement de chaleur renouvelable à l’horizon 2020 – 33 % de la consommation finale de chaleur – il est important d’aider encore davantage les particuliers à faire le choix des énergies renouvelables », déclarait Jean-Louis BAL, Président du SER (Syndicat des énergies renouvelables) en 2018.

Un objectif de neutralité carbone

L’objectif de neutralité carbone visé par la France à l’horizon 2050 suppose de parvenir à un parc de bâtiments « zéro émission de CO2 ». De fait, un logement chauffé au gaz émet quatre fois plus de CO2 qu’un logement neuf chauffé à l’électricité et le gisement de gaz renouvelable devrait être trop limité en 2050 pour remplacer en quantité le gaz fossile utilisé aujourd’hui. Atteindre le « zéro émission de CO2» passe donc par la réduction des consommations énergétiques et par le recours au photovoltaïque, au bois, à la pompe à chaleur air/air (12 000 maisons individuelles équipées en 2018, avec une France leader en Europe sur ce marché) ou air/eau, aux réseaux de chaleur ENR, au biogaz et pourquoi pas à l’éolien. Les radiateurs électriques intelligents apparaissent aujourd’hui également comme une solution bas carbone s’ils sont associés à une isolation extrêmement performante. 

Dans le contexte d’un marché de la construction neuve plutôt morose – après une année 2018 très compliquée pour la maison individuelle, la baisse brutale des mises en vente de logements collectifs préoccupe actuellement les experts – le recours aux énergies bas carbone est une opportunité pour la France de renforcer ses engagements pour le climat. La RE 2020 et son volet carbone devraient avoir un impact significatif sur l’ensemble de la filière du bâtiment et notamment en ce qui concerne le développement des constructions bois et béton bas carbone, l’économie circulaire, les investissements dans des solutions de type « puits de CO2 » chez les principaux émetteurs ou encore la relocalisation de productions (filière courte)… 

Le paradoxe règlementaire dans le secteur du bâtiment

Avec la RE 2020, le bâtiment neuf prend sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique. Problème : dans le calcul de la consommation d’énergie primaire par mètre carré annuel (m²/an) tel qu’établi jusqu’à présent, l’électricité s’était vue attribuer un coefficient supérieur à celui du gaz (2,58 contre 1), signifiant que le plafond fixé (50kWhep/m²/an) correspond à une consommation de 50 kWh/m²/an d’énergies fossiles mais de seulement 19 kWh/m²/an d’électricité. Une situation dénoncée par certains, qui arguent que si l’on souhaite tourner la page des énergies carbonées, demander plus d’efforts à l’électricité décarbonée qu’aux énergies fossiles semble paradoxal.  

Pour Julie Daunay, manager au sein du cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la stratégie bas carbone Carbone 4, « si la RE 2020 ne contraint pas l’empreinte carbone de la construction neuve au bon niveau [par le recours à des énergies renouvelables par exemple], c’est au moins une décennie de perdue et un retard considérable qui nous attend ! » avant de préciser que « l’urgence climatique nous demande de regarder l’énergie finale et l’empreinte carbone des bâtiments. »

La Rédaction

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