Collectivités et entreprises : protagonistes de la transition énergétique
Le 22 janvier 2018, Nicolas Hulot a publié le premier rapport concernant la stratégie bas-carbone : la France est en retard sur ses engagements de réduction des gaz à effet de serre. La transition énergétique devra donc compter sur le concours des acteurs locaux et des entreprises. Heureusement, les solutions se développent.
En 2016, les émissions françaises de CO² ont dépassé de 3,6% les objectifs fixés fin 2015. Dans les secteurs d’activité principaux (agriculture, transport, énergie, bâtiment), elles ont même augmenté au lieu de diminuer. En réponse, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, prévoit de revoir les objectifs de la stratégie bas-carbone pour la fin de l’année 2018.
Mais cela ne doit pas occulter que les premiers investissements commencent à porter leurs fruits, et il revient aux entreprises et aux collectivités locales de prendre le relais de la croissance verte.
Encourager la voiture électrique
Si le domaine du transport reste le plus polluant (140 millions de tonnes de CO2 par an, soit environ un tiers des émissions françaises), sa consommation d’énergie pétrolière reste stable, à raison de 45 Mt par an. Le surcroît de consommation d’énergie dans ce secteur se traduit donc par l’utilisation croissante des énergies renouvelables, à raison de 23% par an depuis leur apparition sur le marché en 1993.
De plus, de nombreuses initiatives commencent à voir le jour. Ainsi, Citelum, filiale du groupe EDF spécialisée dans l’éclairage public intelligent, a mis en place à Calais, depuis le 23 février 2018, trois bornes de recharge électriques pour les véhicules intégrées à des lampadaires. Si l’expérience est un succès, cela permettra une multiplication des bornes de recharge, puisqu’on ne compte pas moins de 7 millions de lampadaires sur tout le territoire.
D’autre part, EDF joue son rôle d’investisseur, en mettant en place de nouveaux réseaux de bornes, par le biais de programmes comme Wiiiz, qui comptera 95 installations d’ici l’été prochain, ou Advenir, en place depuis 2016 en métropole et depuis peu dans les collectivités insulaires des DOM et de la Corse.
A ce titre, le dispositif de subvention Advenir vise à favoriser l’installation de bornes de recharges pour véhicules électriques dans les parkings d’entreprise et les immeubles collectifs. Les primes accordées variant de 600 à 1860 euros par borne installée. Dans le cadre de sa reconduction en mars 2018, le programme ADVENIR a pour ambition de participer au déploiement des réseaux dans les collectivités territoriales. En jeu, l’installation de 13 700 nouveaux points de recharge, dont 3 000 installés en voirie.
Notons également l’application Wenow. Elle permet de réduire l’empreinte carbone du conducteur en coachant sa conduite. Cette initiative centrée sur la consommation propose aux entreprises et aux particuliers d’arriver à la neutralité carbone, en investissant d’autre part dans des projets écologiques variés (protection de la forêt au Zimbabwe ou en Indonésie, reboisement en Colombie, promotion de l’hydroélectricité en Chine…)
Toutefois, comme le note le magazine Forbes, la voiture électrique n’est pas une réponse en soi à la transition énergétique. Si la façon dont nous produisons l’électricité reste dépendante des énergies fossiles, la voiture électrique restera polluante. L’autoconsommation vertueuse apparaît donc incontournable.
Autoconsommation, maître mot de la transition
La RT2012 donne pour objectif de limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWhEP/(m².an), en réduisant les émissions et les pertes d’énergie propres au secteur du bâtiment. Mais aujourd’hui, les entreprises et les collectivités peuvent aller plus loin, et produire elles-mêmes leur électricité verte : c’est l’autoconsommation.
L’autoconsommation est une solution énergétique idéale pour les entreprises : elles consomment elles-mêmes sur site l’électricité produite par leur installation, et l’excédent produit peut être réinjecté dans le réseau. L’ADEME a souligné le fort potentiel de l’autoconsommation d’origine solaire, via une installation sur les toitures des professionnels, mais aussi sur les parkings avec des ombrières photovoltaïques.
A l’avenir, les coûts d’achat devraient baisser, et la performance des dispositifs augmenter. L’ADEME remarque que pour un supermarché ouvert de jour, 95% de la production solaire peut être consommée sur place, sans avoir besoin d’être stockée. C’est même tout l’avantage que les entreprises ont à tirer de l’autoconsommation photovoltaïque : leurs besoins énergétiques sont synchronisés sur le temps d’ensoleillement.
D’autres dispositifs plus complexes ont été conçus, comme la Smartflower, un générateur photovoltaïque intelligent composé de 12 pétales permettant de produire et de consommer l’électricité de son entreprise. L’aquarium de Vannes l’a par exemple adopté en 2015, et plus de 300 exemplaires de cette nouvelle technologie ont déjà été vendus.
Accompagner la transition énergétique des collectivités et entreprises
L’accompagnement des entreprises pour parvenir à une baisse de consommation représente un marché de plus en plus important pour les principaux acteurs de la filière comme EDF Solutions Energétiques, Cofély, Uniper…) : 1,5 milliards d’euros pour l’ingénierie et les études thermiques, et 500 millions répartis entre les diagnostics, les contrats de performance et les audits énergétiques.
Les collectivités jouent également le rôle de promoteurs : Paris a adopté en 2017 un plan climat ambitieux d’accompagnement des entreprises. L’objectif de la capitale, d’ici 2050, consiste à rénover un million de bâtiments, ainsi que les équipements publics les plus énergivores, de façon à réduire la consommation du parc municipal de 40%. Lyon a également entrepris des démarches similaires, en partenariat avec Dalkia.
La transition écologique fait donc son chemin, au point d’être exportée par les entreprises françaises, comme en témoignent les trois usines de PSA-Dongfeng, à Wuhan en Chine, qui ont pris le parti de la basse consommation, en installant 70 .000 LED afin d’adapter l’éclairage à l’activité du site. Ce qui a permis une réduction de moitié de la consommation énergétique – une économie évaluée à 45 000 tonnes de CO2 jusqu’à aujourd’hui.