Consolidation des mutuelles : les gagnants et les indécis
Le monde des assurances et des mutuelles françaises est en pleine mutation. Preuve en est les derniers rapprochements annoncés entre plusieurs géants du secteur. Dans ce contexte de consolidation des mutuelles, il y a forcément des gagnants et d’autres qui effectuent des choix moins stratégiques. Explications.
Hier, au pays de l’économie sociale et solidaire, les frontières entre chaque famille paraissaient bien nombreuses. Mélanger les choux et les carottes ? Hors de question pour les acteurs mutualistes ! Les mutuelles d’assurance auto et habitation d’un côté, les mutuelles santé de l’autre et les instituts de prévoyance (santé, assurance décès, invalidité, incapacité…) pour le reste. Mais les nouveaux défis du XXIème siècle ont changé la donne. Le monde du numérique a drainé de nouveaux acteurs, les catastrophes naturelles et financières se sont multipliées entraînant de nouvelles lois… Résultat : en 30 ans, le nombre de mutuelles a été divisé par plus de dix, passant de 6 000 à moins de 500.
Des mariages bénéfiques
Cette tendance devrait perdurer et, selon les propos d’Alix Pradère (*), présidente du cabinet de conseil Opusline, « nous ne sommes vraiment qu’au début des macrofusions dans l’univers de l’économie sociale ». Comme dans une course effrénée à la diversification, les grands acteurs scellent des pactes géants. En septembre 2017, le groupe VYV englobant les groupes MGEN, Istya et Harmonie est né. Plus surprenant, AG2R La Mondiale, premier groupe de protection sociale français, a annoncé fin novembre un rapprochement prévu en 2019 avec la Matmut, l’assureur mutualiste auto et habitation. Enfin, c’était au tour de la Macif, l’un des leaders de l’assurance auto, et du groupe Aesio (regroupant Eovi MCD, Adréa et Apréva), de dévoiler leur projet de création de groupe prudentiel à l’horizon 2020. Leur premier fait d’armes est connu : répondre à l’appel d’offres lancé par la fédération de l’hospitalisation privée non lucrative et proposer un régime de complémentaire santé aux 230 000 salariés concernés. D’autres rapprochements sont à venir, notamment avec la Mutuelle Générale, 3ème mutuelle santé française, qui cherche un nouveau partenaire, après l’échec d’un rapprochement avec Malakoff Méderic. « Il y a aussi beaucoup de bruissements autour des institutions de prévoyance. Il faut sans doute s’attendre à des mouvements de ce côté-là en 2018 et 2019 », évoque également Alix Pradère.
Des choix plus hasardeux
Mais, dans ce contexte de consolidation des mutuelles, d’autres acteurs refusent d’entrer dans ce jeu et recherchent une forme d’autonomie. Cette stratégie n’est pas sans risques et peut même entraîner des retours de bâton économiques violents.
C’est le cas de la mutuelle uMen, qui a quitté le groupe Audiens il y a un an pour rejoindre le groupe Harmonie. Sauf que ce dernier a, comme dit précédemment, fusionné pour devenir un géant baptisé VYV. Spécialisée dans la presse, le spectacle et la communication, la mutuelle uMen voulait plus de libertés, qui souhaitait une plus grande autonomie pour mieux servir ses adhérents, se retrouve aujourd’hui face aux interrogations de ces derniers.
Selon les informations concordantes des lettres spécialisées Presse News et la Lettre de l’Expansion, uMen aurait déjà perdu 1 000 clients sur les 7 000 adhérents originels, se retrouverait avec un centre de santé financièrement moribond, et devrait payer une amende pour avoir tenté de retenir ses adhérents en jouant la confusion avec son ancien groupe de tutelle, Audiens.
Autre son de cloche du côté du groupe AG2R La Mondiale qui n’arrive pas à se sortir d’un conflit l’opposant au groupe Arpège initialement composé de deux entités (Arpège Prévoyance et Muta Santé). La situation est on ne peut plus floue. En effet, Arpège Prévoyance hésite toujours à intégrer en l’état le groupe AG2R tandis que Muta Santé a décidé de quitter le groupe en novembre dernier. À ce jour, la situation s’enlise : deux conseils d’administration, parallèles dirigent désormais Arpège Prévoyance ! Si la direction AG2R La Mondiale est bien décidée à reprendre définitivement le contrôle de la situation, force est de constater que certains mariages ne font pas que des heureux.
Une précédente version de cet article laissait entendre que Malakoff Médéric était partie prenante au groupe prudentiel que la Macif et le groupe Aesio envisagent de créer d’ici à 2020. En réalité, le groupe en question n’inclut pas Malakoff Médéric. Les groupes Macif, Aesio et Malakoff Médéric se sont uniquement associés récemment pour apporter une réponse commune à l’appel d’offres lancée par la FEHAP.
En excusant nos lecteurs pour cette erreur manifeste.