New Areva devient Orano : un nouveau nom pour valoriser le nucléaire
Orano. C’est désormais ainsi que se nommera le géant du nucléaire français. Les rumeurs sur une rebaptisation allaient bon train depuis le plan de restructuration de juillet dernier. Le groupe historique Areva avait alors été scindé en trois entités, dont New Areva, spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire.
Se concentrer sur le « coeur de métier »
Philippe Knoche, Président directeur général du groupe, a donc mis fin au suspense ce mardi 23 janvier 2018, en annonçant ce nouveau nom, inspiré de l’étymologie d’« uranium », matière utilisée pour la combustion nucléaire. Un nouveau logo a également été dévoilé. Faisant la part belle à la couleur jaune, choisie pour symboliser l’énergie, il est composé d’un ensemble de traits circulaires tracés d’un seul geste, et censés rappeler le cycle de combustion.
Lors de sa conférence de presse, le président de Orano est revenu sur la nécessité d’un changement de nom qu’il décrit comme « le résultat d’un cheminement logique et cohérent », après la restructuration entamée dès 2015. Un nouvel élan donc, après les difficultés financières qui ont conduit l’État à développer un plan de sauvetage ambitieux. L’enjeu est en réalité primordial puisqu’il s’agit de préserver la réussite de la filière nucléaire française.
Pour cela Orano a choisi de se recentrer sur le métier originel qui a fait sa force à travers les années, en France comme à l’international : le cycle du combustible nucléaire. La branche réacteurs a ainsi été cédée à EDF, pour permettre au jeune groupe de se concentrer sur les forces héritées de ses prédécesseurs.
Des objectifs ambitieux pour Orano
«Nous portons pour Orano une ambition forte, celle d’être l’acteur de référence de la production et du recyclage des matières nucléaires, de la gestion des déchets et du démantèlement dans les dix prochaines années. Et nous avons toutes les cartes en main pour y parvenir» a annoncé Philippe Knoche. Rappelant que « le nucléaire a de l’avenir car c’est une énergie bas carbone, compétitive et créatrice d’emplois », le dirigeant de 48 ans a pris soin d’expliciter le champ d’action du nouveau groupe.
« Orano est un groupe entièrement dédié à la valorisation des matières nucléaires et à la gestion des déchets. Nous proposons des produits, technologies et services à forte valeur ajoutée pour l’ensemble du cycle du combustible nucléaire, des matières premières au traitement des déchets. Nos activités couvrent les mines, la conversion et l’enrichissement de l’uranium, le recyclage des combustibles usés, la logistique nucléaire, le démantèlement et services, et l’ingénierie ».
Soulignant les avantages concurrentiels conquis par Areva et New Areva (au 1er rang mondial pour le transport de matières et déchets nucléaires, et dans le top trois du classement pour la mine, la conversion-enrichissement et le recyclage), l’ancien élève de polytechnique a particulièrement insisté sur la « maîtrise technologique » et « les capacités d’innovation » à l’œuvre dans les différents domaines, de l’extraction minière au démantèlement, en passant par la recherche médicale contre le cancer.
Rayonnement international
Après avoir mentionné plusieurs partenariats en cours au Japon, aux Etats-Unis ou en Allemagne, Philippe Knoche a rappelé la vocation d’Orano à exporter son savoir-faire, comme le faisaient Areva et New Areva.
« L’international représente près de 60% de notre chiffre d’affaires. Notre implantation internationale, avec des partenariats solides, va nous permettre d’être un acteur de référence du développement de l’industrie nucléaire. Nous sommes historiquement bien positionnés en Asie pour prendre des parts de marché, notamment en Chine qui portera 50% de la croissance du nucléaire mondial d’ici à 2030 ».
Un premier espoir a déjà été concrétisé sur le marché chinois, lors de la visite diplomatique d’Emmanuel Macron début janvier. En effet, le président français et son homologue chinois ont profité de cette rencontre pour signer un protocole d’accord commercial pour la construction d’une usine de recyclage de déchets. La conquête du marché asiatique en général, et chinois en particulier, sera une des priorités d’Orano, comme l’a expliqué Philippe Knoche en dévoilant le plan d’action du groupe à horizon 2025.
Un plan axé autour de trois objectifs majeurs : le « développement en Asie en visant 30% de notre chiffre d’affaires dans cette zone dès 2020 (contre 20% aujourd’hui) », « un cash-flow net positif dès 2018», et « plus d’un salarié sur deux dans les services dès 2020 ». « Orano ne sera pas un groupe sans usine. Mais il doit devenir un groupe plus conquérant dans les services qui sont par essence sans frontière, plus agiles, plus rapides et peuvent être sources d’innovations et de business » a-t-il précisé.
Les moyens mis en place seront-ils à la hauteur des objectifs fixés ? Une chose est sûre, il en va de la préservation de la réussite de la filière nucléaire française, saluée à l’international pour son savoir-faire, mais parfois perçue comme déclinante en raison d’erreurs stratégiques.