Quand les véhicules d’entreprises s’électrifient…
Le tout pétrole va-t-il bientôt faire place au tout électrique ? C’est l’un des souhaits qui émane de la COP21, avec une réduction drastique des gaz à effet de serre de préconisée. Cela passe notamment, pour les entreprises, par l’utilisation de véhicules électriques, même si pour le moment, ce marché s’installe progressivement.
La signature de l’Accord de Paris en 2015 a été porteuse d’espoirs. Et de bonnes résolutions. Notamment celles de grandes entreprises internationales pour lutter contre le réchauffement climatique. 20% des entreprises qui sont évaluées par le Carbon Disclosure Project (une organisation internationale qui mesure des bilans carbone) se sont ainsi fixées des objectifs à long terme, afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Un début d’action positif, mais encore insuffisant. Cela pourrait l’être si toutes se tournaient vers les déplacements hybrides ou entièrement électriques. C’est le cheval de bataille de l’Europe, avec un objectif ambitieux mis en place par Bruxelles : une réduction de 30% des émissions de CO2 d’ici 2030 pour les voitures et les utilitaires, avec une étape de 15% de réduction pour 2025. Aux constructeurs de fabriquer des véhicules électriques avec des batteries qui tiennent le plus longtemps possible et aux entreprises de se les procurer. Un défi impossible à réaliser ?
Des freins subsistent pour l’électrification des véhicules d’entreprises
Pour le moment, c’est encore timide, même si des prédictions annoncent 5,5 millions de véhicules électriques à travers le monde pour 2025. Pour l’heure, ceux à destination des professionnels ont beau être en progression de 42% pour les neuf premiers mois de l’année 2017, c’est un marché qui ne représente que 4 550 véhicules immatriculés en France, contre 22 845 véhicules électriques tout confondu. En cause, la faible autonomie de ces voitures (entre 100 et 180 kilomètres en moyenne), une offre réduite (actuellement, c’est la Renault Zoé qui mène le marché, grâce à une autonomie portée prochainement à 400 km) et un nombre de bornes de recharge encore peu développé (et encore impossibles à installer dans les sous-sols des parkings). Sans oublier le prix de la batterie qui représente à lui seul entre le tiers et 40% du coût total. Quant aux véhicules aux autonomies impressionnantes, comme la Tesla, leur coût reste élevé et sont peu appropriés pour des tâches professionnelles. Ce qui n’empêche pas tous les constructeurs automobiles de se lancer dans ce marché, avec, par exemple, la fabrication de 30 nouveaux modèles par Volkswagen entre 2016 et 2025. Ni des entreprises de réussir une transition entre véhicules thermiques et électriques.
Des exemples porteurs d’espoir
Certaines entreprises ont en effet décidé de changer entièrement, ou presque, leur parc automobile pour passer au tout électrique. C’est le cas de la Poste, à la tête de la plus importante flotte électrique au monde, avec pas moins de 36 000 véhicules (dont 7 000 fourgonnettes et 24 000 vélos à assistance électrique). Il faut dire qu’elle émettait jusqu’à 250 tonnes de CO2 chaque année. « Avec l’électrique, plus le véhicule roule, plus il est rentable. Ils le sont à partir d’une cinquantaine de kilomètres parcourus. Nous avons également modifié certaines bornes de recharge pour passer à une charge plus rapide (1h30), afin de gagner 30% d’énergie », précise Charles Poutiers, directeur technique du groupe La Poste.
Autre exemple, la société Sepur de collecte d’ordures ménagères en Ile-de-France. Elle vient de doter les 17 sites de sa flotte, avec une centaine de voitures Renault Zoé et la mise en place de bornes rapides, un investissement important pour un amortissement longue durée. Et ce ne sont pas les seules entreprises à le faire. Sur toute la France, plusieurs tentatives de ce genre ont déjà eu lieu et elles sont de plus en plus nombreuses, grâce à plusieurs initiatives.
De son côté, Domino’s Pizza a fait le pari de mettre en place des scooters 100 % électriques pour la livraison de ses produits. C’est EDF SE (Solutions énergétiques) et plus particulièrement sa filiale Sodetrel qui a conçu et installé une offre d’électrification de flottes à destination des 2 roues. Une première inaugurée en mars 2016 dans le magasin de l’enseigne à Issy-les-Moulineaux.
Des aides pour parvenir au tout électrique
Le coût des batteries est ainsi annoncé à la baisse de 50% d’ici 2020 et si jusqu’ici on peut recharger son véhicule à domicile ou à son entreprise, grâce à une installation murale ou une prise classique en huit heures maximum, des solutions pour des charges rapides sont prévues (entre 20 minutes et deux heures). Mais surtout, aides, subventions et mesures fiscales ont été mises en place par les pouvoirs publics, afin de permettre aux entreprises d’acquérir des modèles électriques.
Il y a ainsi le bonus écologique, jusqu’à 7 000 euros, créé en 2008 et désormais exclusivement consacré aux véhicules électriques. Ces derniers bénéficient également d’une exonération de taxe sur les véhicules de société, sans oublier une hausse du plafond de déduction fiscale de l’amortissement des voitures, jusqu’à 30 000 euros par véhicule électrique et 20 300 euros pour un modèle hybride. Certaines régions ont également leurs propres aides, comme l’Ile-de-France, qui a créé en 2017, une aide de 6 000 euros par véhicule utilitaire électrique pour les entreprises de plus de 50 employés et à hauteur de cinq véhicules maximum.
Des groupes énergétiques au service des entreprises
En parallèle, plusieurs groupes énergétiques et sociétés ont créé des infrastructures et solutions dédiées aux véhicules électriques. C’est le cas de Sodetrel, filiale du groupe EDF SE, qui propose un accompagnement et une exploitation technique personnalisés aux entreprises et collectivités, comme la création de BeLib’, un service de recharge accessible à tous les véhicules électriques dans Paris. Sodetrel exploite également 200 bornes de recharge rapide sur les principales aires d’autoroute de France, concurrencé par Engie qui a déjà déployé 40 000 de ces bornes sur toute l’Europe et aux Etats-Unis. Ce dernier a aussi lancé cette année l’offre Elec’Car pour installer des bornes de recharge en copropriétés. Enfin, Bouygues Energies & Services a créé Alizé, une offre clés-en-main de 5 000 autres bornes sur toute la France, avec une gestion automatisée sur une plateforme en ligne. L’ère du tout électrique ne fait que commencer.