Dans la santé aussi, l’union fait la force

Dans la santé aussi, l’union fait la force

Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, les acteurs de la santé multiplient les regroupements pour mutualiser l’offre comme la demande. Consommateurs, cliniques et mutuelles sont particulièrement concernées, même si certaines unions se heurtent parfois à des résistances internes, comme entre la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et le Groupe Pasteur Mutualité (GPM).

Mutualiser les moyens pour plus de compétitivité

Longtemps figé dans un fonctionnement particulièrement complexe, le secteur de la santé vit une véritable révolution depuis plusieurs années avec une recherche de compétitivité accrue de la part des particuliers comme des professionnels. Avec près de 4 millions de Français privés de complémentaire-santé faute de moyens, les groupements de particuliers se développent à grand pas pour obtenir des tarifs privilégiés auprès des mutuelles. S’inspirant du modèle des achats groupés, près de 800 petites et grandes communes de France ont déjà souscrit au programme « Ma commune, ma santé » de l’association Actiom, qui propose trois offres de complémentaire-santé négociées au centime près avec les assureurs.

Le mouvement fait des émules. D’autres municipalités ont elles-mêmes pris en main les intérêts de leurs administrés, comme à Caumont-sur-Durance, dans le Vaucluse, où la première mutuelle communale a vu le jour en 2013. Près de 300 foyers de ce village de 4 700 habitants ont souscrit la mutuelle négociée entre le Centre communal d’action sociale et la Mutuelle générale d’Avignon pour un tarif unique de 47 euros par mois. Dans le Nord, la mairie de Lompret a fait appel à un courtier spécialisé, Solidaire-Assur, pour permettre aux 12 % de retraités qui renonçaient à des soins trop coûteux de trouver une complémentaire abordable. Chaque année, 700 000 salariés français partent en effet à la retraite, perdant souvent le droit à leur mutuelle professionnelle. Grâce au partenariat noué par la municipalité, l’assureur sélectionné a permis aux retraités du village de réaliser une économie moyenne de 430 euros par an.

Afin de pouvoir proposer des services suffisamment compétitifs, les professionnels de la santé procèdent eux aussi à des regroupements de plus en plus fréquents. C’est le cas des cliniques et hôpitaux, qui cherchent à accroître leur efficacité en mutualisant les moyens financiers et humains. À Quimper (Finistère), le groupe mutualiste Hospi Grand Ouest a lancé un projet de grande clinique regroupant les établissements de Saint-Michel-Sainte-Anne et de Quimper Sud. Grâce à un investissement de 50 millions d’euros, le futur hôpital disposera d’une centaine de médecins et de 400 personnels soignants à son ouverture en 2020. Début 2016, HGO a déjà inauguré un hôpital privé près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), fruit de l’union entre quatre établissements de santé pour un montant de 60 millions d’euros d’investissements.

Viverem, un des rares ratés parmi les regroupements de mutuelles

La tendance au regroupement est également particulièrement forte sur le marché des mutuelles, où la loi sur l’Accord national interprofessionnel (ANI) a complètement chamboulé les règles. Depuis le 1er janvier 2016, toutes les entreprises ont en effet l’obligation de proposer une offre collective de complémentaire-santé à leurs salariés, dont peuvent aussi bénéficier les conjoints. Jusque-là plutôt positionnées sur les contrats individuels, les mutuelles ont donc été nombreuses à se regrouper pour proposer des contrats collectifs compétitifs.

Après la MGEN et Harmonie Mutuelle, Malakoff Médéric et La Mutuelle Générale ou encore MNT et SMACL Assurances, Viverem est le dernier-né de la fusion entre deux mutuelles, la MNH et GPM, qui se sont dit « oui » l’été dernier. L’union mutualiste de groupe (UMG) scellée entre ces deux poids lourds de l’assurance-santé, respectivement leaders dans la couverture des personnels hospitaliers et libéraux, devait donner naissance à un géant du secteur médical, qui annonçait un chiffre d’affaires annuel d’1,1 milliard d’euros pour 1,2 million de professionnels couverts. Elle risque pourtant de ne pas souffler sa première bougie après le départ soudain de Thierry Lorente, directeur général de GPM, du conseil d’administration de Viverem.

Visiblement causée par un différend sur l’organisation interne de l’UMG, la rupture entre MNH et GPM est d’autant plus fâcheuse que les deux groupes avaient déjà mis en commun leurs forces avec succès au sein de la société de courtage Orsane, créée en 2013. D’après plusieurs articles de presse, GPM serait même sur le point de poursuivre MNH en justice pour officialiser le divorce. Le scenario rappelle un précédent conflit avec le courtier-grossiste Assor en 2012, que GPM avait poussé au dépôt de bilan après une résiliation de contrat qualifiée d’ « un des scandales majeurs de l’assurance de ces dix dernières années » par un ancien cadre dirigeant d’Assor. Une décision lourde de conséquence pour GPM, qui avait accusé 23 millions d’euros de pertes directes en 2012. Malgré la volonté exprimée par la direction de MNH de trouver une solution à l’amiable, Thierry Lorente semblerait néanmoins déterminé à passer devant le juge.

La Rédaction

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