Défense : Marck & Balsan ne fabriquera plus les tenues d’apparat de l’Armée française
A Calais, la société Marck & Balsan ne fabriquera plus les tenues d’apparat de l’Armée française, après vingt-cinq de loyaux services. L’État a décidé de confier le marché au groupe tricolore Paul Boyé, basé en grande partie à Madagascar. C’est un coup dur pour l’usine calaisienne, qui annonce sa fermeture prochaine.
L’État fait-il le contraire de ce qu’il affirme haut et fort ? Alors qu’il prône les relocalisations en France, le gouvernement a récemment arraché le marché de la confection des tenues d’apparat de l’Armée française à l’usine calaisienne de Marck & Balsan pour le confier au groupe tricolore Paul Boyé, basé en grande partie à Madagascar. Cette décision met en péril l’avenir du site de Calais qui doit prochainement fermer.
Marck & Balsan confectionnait les tenues du 14 juillet
Depuis 25 ans, l’atelier textile de Marck & Balsan à Calais, dans le Nord, confectionne les uniformes pour les Armées françaises, notamment ceux du défilé du 14 Juillet. Ce marché représentait la quasi-totalité de la production du site. Fort de cela, la direction a décidé de fermer boutique, après avoir cherché un repreneur sans succès. Elle a présenté aux syndicats un plan de sauvegarde de l’emploi, en négociation jusqu’au 10 février.
Marck & Balsan possède six usines en France
Marck & Balsan a proposé à ses 66 salariés de Calais, majoritairement des femmes – qui ont fait toute leur carrière dans cette usine -des postes de couture en reclassement. L’entreprise possède 6 unités de production en France, situées à Chartre-sur-le-Loire, Cluses, Montierchaume, Sainte-Pazanne, Mer et Calais. Chaque site a une spécialité : fabrication de coiffe, vêtements de protection, chaîne et trame, etc.
Marck & Balsan accusé de faire du dumping social au Maghreb
L’atelier de Calais est le seul spécialisé dans le sur-mesure en série. Tout y est fait à la main. La maire de la commune, Natacha Bouchart, regrette que ce savoir-faire d’exception soit mis en danger à cause de la stratégie industrielle de l’État. Elle déplore également que « toute notre défense et notre sécurité part à l’étranger ». Toutefois, l’édile accuse aussi Marck & Balsan de faire du dumping social au Maghreb, avec une usine en Tunisie.
Paul Boyé assure que 90% de la valeur ajoutée se fera en France
De son côté, le groupe Paul Boyé, qui a remporté l’an dernier l’appel d’offres, assure que 10% de la valeur ajoutée se fera à Madagascar et 90% en France. L’entreprise de Haute-Garonne emploie 300 personnes sur le territoire français et plus de 1000 sur la Grande île de l’océan Indien. «On est dans un espace mondial, il faut suivre (…). Si on voulait relocaliser, on aurait du mal à trouver les gens pour le faire», justifie son président Jacques Boyé.
Les uniformes de l’Armée française majoritairement fabriqués à l’étranger
Notons que l’usine de Calais a été reprise par Marck & Balsan en 1999. Elle travaillait alors pour des compagnies de transport comme la SNCF et la RATP. La société a vu ces marchés publics revenir peu à peu aux entreprises qui délocalisent. Balsan a également été racheté par Marck. Le groupe confectionne les uniformes des Armées françaises depuis la Grande guerre. Comme ce fleuron du textile tricolore, d’autres entreprises ont perdu des marchés au profit des pays de d’Europe de l’Est et d’Afrique du nord (Maroc, Tunisie), qui offrent des coûts de production bien plus bas.