Gaz et pétrole : le chantage éhonté de Donald Trump
Le président américain élu Donald Trump a menacé vendredi l’Union européenne de taxes douanières si elle n’achète pas plus de pétrole et de gaz aux Etats Unis. C’est une façon pour lui d’obtenir un rééquilibrage de la balance commerciale. La Commission européenne a répondu qu’elle était prête à discuter avec le futur locataire de la Maison Blanche.
Avec Donald Trump, chaque jour suffit son lot de menaces. Ce vendredi, le président américain élu a averti l’Europe qu’elle pourrait s’exposer à une hausse des droits de douane si elle n’achète pas davantage de pétrole et de gaz aux Etats Unis. « J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz », a-t-il d’abord écrit sur son réseau social Truth Social. Puis d’ajouter : « Sinon, ce sont les droits de douane qui s’appliquent ». Voilà qui est clair.
Donald Trump s’acharne sur le Canada, le Mexique et la Chine
Elu facilement le 5 novembre dernier face à Kamala Harris, Donald Trump sera investi le 20 janvier prochain. Mais, il n’a pas attendu de s’approcher de cette date pour menacer la Terre entière. Le dirigeant républicain a déjà prévenu qu’il imposera des droits de douane à trois des principaux partenaires commerciaux des États-Unis : le Canada, le Mexique et la Chine. Il accuse ses voisins canadien et mexicain d’inonder son pays de drogues et de migrants illégaux. Pour les punir, il prévoit une hausse de 25% des tarifs douaniers sur leurs importations. Quant à la Chine, grande rivale économique de l’Amérique, il concocte pour elle une augmentation de 10% pour l’instant.
Un excédent commercial substantiel de part et d’autre
Pour l’Europe, il n’a pas encore pris une réelle décision. Mais sa menace de ce vendredi semble plus que claire. En faisant une telle déclaration, Donald Trump voudrait contraindre le Vieux continent à rééquilibrer la balance commerciale avec les Etats Unis. En effet, les importations de biens en provenance de l’UE s’élevaient à 553,3 milliards de dollars en 2022, tandis que les exportations des États-Unis vers les Vingt-Sept représentaient 350,8 milliards de dollars. Ce que Washington omet de dire, en revanche, c’est que les États-Unis ont de leur côté un excédent commercial substantiel en ce qui concerne les échanges de services.
La Commission européenne prête à discuter
Peu importe, la Commission européenne a déclaré qu’elle était prête à discuter avec le président élu de la manière de renforcer des relations historiquement solides, notamment dans le secteur de l’énergie. Elle s’est déjà engagée à supprimer progressivement les importations d’énergie en provenance de Russie et à diversifier ses sources d’approvisionnement. Selon les données de l’office statistique Eurostat, les États-Unis fournissaient 47% des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’UE et 17% des importations de pétrole au premier trimestre de 2024.
Donald Trump bluffe-t-il ?
Cette année, les exportations américaines de brut vers l’Europe ont atteint plus de deux millions de barils par jour (bpj). Ce qui représente plus de la moitié des exportations américaines totales, le reste allant en Asie. Les plus gros importateurs de brut américain sont les Pays-Bas, l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark et la Suède. Certains analystes estiment que les menaces de Trump relèvent de la fanfaronnade ou d’un moyen de pression en vue des futures négociations commerciales quand il prendra ses fonctions. Mais on ne peut garantir de rien avec lui. L’ex magnant de l’immobilier a déjà montré à satiété qu’il est imprévisible.