Sahara occidental : Emmanuel Macron fâche Alger et le Polisario
En visite d’État au Maroc cette semaine, Emmanuel Macron a réaffirmé à Rabat le soutien de Paris à la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, après la reconnaissance en juillet dernier. Se faisant, le président français se fâche davantage avec Alger qui soutient le Front Polisario, mouvement militaro-politique revendiquant l’autonomie de ce territoire.
Emmanuel Macron a effectué une visite d’Etat au Maroc, du lundi 28 au mercredi 30 octobre 2024. Au cours de ce séjour, le président français et le roi Mohammed VI se sont engagés à ouvrir une nouvelle ère de la relation entre leurs deux pays, mise à mal ces dernières années à cause de la question du Sahara occidental notamment.
Macron reconnait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental
Invité à s’exprimer devant le parlement marocain à Rabat, le mardi 29 octobre, Emmanuel Macron a déclaré que « le présent et l’avenir » du Sahara occidental « s’inscrivaient dans le cadre de la souveraineté marocaine », suscitant les applaudissements nourris des élus. La réaction chaleureuse des autorités marocaines témoignent de l’intérêt porté par le Maroc à ce territoire disputé. C’est une véritable cause nationale dans le royaume chérifien.
Ex-colonie espagnole, le Sahara occidental est un territoire de 266 000 km2 situé au nord de la Mauritanie et bordé par l’Océan Atlantique. Il est considéré par l’ONU comme un territoire « non autonome ». Les Casques bleus gèrent une zone tampon séparant les deux belligérants. A l’ouest, le Maroc contrôle plus de 80% de cette longue bande de terre riche en minerai et aux eaux poissonneuses. A l’est, le Front Polisario administre le reste (moins de 20%).
Le Maroc et le Polisario se disputent ce territoire depuis un demi-siècle
Depuis 1975, un conflit oppose Rabat à ce mouvement indépendantiste soutenu par Alger. En 2007, le Maroc a proposé un plan d’autonomie sous sa souveraineté, rejeté catégoriquement par les indépendantistes. Ces derniers exigent un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu. De temps à autre, des escarmouches éclatent, comme en novembre 2020, quand l’armée marocaine a déployé ses troupes dans la zone tampon pour en déloger le Polisario.
La France a cédé à la pression du Maroc
Mais que dit la communauté internationale sur ce conflit ? En particulier les puissances occidentales ? Fin 2020, sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Ils ont été suivis par l’Espagne et l’Allemagne. La France, elle, s’est montrée plus réticente, provoquant une brouille avec Rabat, qui avait rappelé son ambassadeur à Paris en 2021. En juillet dernier, Emmanuel Macron a fini par considérer dans une lettre adressée au roi Mohammed VI que l’avenir du Sahara occidental s’inscrivait dans le cadre de la souveraineté marocaine.
« Cette position n’est hostile à personne », se défend Emmanuel Macron
Cette reconnaissance a ouvert la voie à un réchauffement des relations avec le Maroc et permis la visite d’Etat de cette semaine. Mais elle a engendré une nouvelle crise avec l’Algérie, qui a aussi rappelé son ambassadeur à Paris. La déclaration de Macron devant le parlement marocain mardi devrait raviver les tensions. « Cette position n’est hostile à personne », s’est défendu Emmanuel Macron, requinqué par une vingtaine de gros contrats signés par les entreprises françaises avec le royaume chérifien. On peut dire que les bonnes affaires font les bons amis…
Un projet de « partition » du Sahara occidental rejeté par le Maroc et le Front Polisario
A l’occasion de cette visite, une coalition d’organisations sahraouies, françaises et espagnoles a signé une lettre dans laquelle elles demandent à la France et d’autres puissances de cesser les « ventes d’armes et d’équipements militaires utilisées contre les Sahraouis y compris les civils ». Elles réaffirment aussi « le droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui avec l’organisation rapide du référendum demandé depuis 1975 ». Notons que l’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a proposé la semaine dernière un projet de « partition » du Sahara occidental, immédiatement rejeté par le Maroc et le Front Polisario.