Sweetch Energy va produire de l’énergie osmotique sur le Rhône
D’ici la fin d’année, la PME Sweetch Energy va ouvrir sur le delta du Rhône une centrale osmotique pilote pour produire de l’électricité. Cette énergie bleue, issue de la rencontre de l’eau douce et de l’eau salée, doit devenir à terme un complément à d’autres types de production, notamment l’énergie hydraulique.
D’ici la fin d’année 2024, la startup rennaise Sweetch Energy mettra en service, à Port-Saint-Louis-du-Rhône, la première centrale osmotique de France. Ce projet unique au monde est mené en collaboration avec la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et EDF Hydro. Il repose sur le principe de la diffusion ionique nano-osmotique, c’est-à-dire sur la production de l’électricité grâce à la rencontre entre l’eau du fleuve et de la mer.
Sweetch Energy, spécialiste de la technologie osmotique
Étudiée depuis plus de 70 ans, la technologie osmotique sert à produire de l’électricité grâce à la rencontre de l’eau douce du fleuve et de l’eau salée de la mer. Durant ce processus, un transfert spontané d’ions positifs et négatifs génère de l’énergie dite « osmotique ». Au cœur de cette opération, un générateur osmotique, constitué de plusieurs membranes installées dans des modules comparables à de grandes armoires. Ces membranes laissent les deux flux d’eau circuler doucement pour que les ions génèrent de l’électricité.
D’autres groupes ont échoué dans le nord de l’Europe
Plusieurs centrales ont déjà été mises au point dans le nord de l’Europe, notamment aux Pays-Bas et en Norvège. Dans ce dernier pays, l’entreprise publique Statkraft, spécialiste des énergies vertes, a lancé un démonstrateur en 2009. Mais elle a dû renoncer en 2013 à l’exploiter pour des raisons de viabilité et de puissance énergétique insuffisante. Aux Pays-Bas, c’est la société Redstack qui a installé un démonstrateur en 2014. Mais celui-ci fonctionne à petite échelle sur une digue de la province de la Frise. Là aussi toute la difficulté résidait dans la capacité à en tirer de la puissance à un coût de production satisfaisant.
Sweetch Energy a trouvé la solution
Créée en 2015 à Rennes (Ille-et-Vilaine), la PME Sweetch Energy dit avoir trouvé la clef pour casser ce plafond de verre. Nicolas Heuzé, cofondateur de la startup avec Pascal Le Melinaire et Bruno Mottet, explique que leur membrane fonctionne comme un moteur de Ferrari. « Après cinq ans de R & D, elle est au point et parfaitement performante. Et nous savons la produire par rouleaux entiers », assure-t-il. Selon le dirigeant, Sweetch Energy exploite les propriétés des nanotubes brevetées par le physicien Lydéric Bocquet, aujourd’hui associé de l’entreprise.
Sweetch Energy divise par 10 le coût des matériaux
Cette technologie serait plus efficace grâce à l’appui du CNRS et de l’institut Pierre-Gilles de Gennes (Nouvelle fenêtre) à Paris. Elle multiplierait par 20 la performance des membranes et diviserait par 10 le coût des matériaux. En termes de performance osmotique, Sweetch Energy se situerait entre 20 et 25 W/m2, contre 1 W/m2 de membrane pour les anciens dispositifs. La société dit avoir réduit les coûts en utilisant pour ses membranes un matériau biosourcé, très largement disponible dans l’industrie.
Le Rhône, le fleuve de France présentant le plus fort potentiel d’énergie osmotique
Sweetch Energy a mis en place son premier démonstrateur sur le Rhône, au bord de l’écluse de Barcarin, à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône). La startup a choisi ce fleuve parce qu’il présente le plus fort potentiel d’électricité osmotique, avec plus de 4 millions de MWh par an. Ce potentiel représenterait un tiers de la production hydraulique sur le Rhône, qui est de 13 TWh. La PME compte produire dans un premier temps quelques dizaines de kilowatts seulement, avant de monter en régime.
L’énergie osmotique fait fi des conditions météorologiques
A termes, Sweetch Energy pourrait produire chaque année plus de 4 millions de mégawattheure (MWh), soit deux fois la consommation électrique annuelle des habitants de Marseille. Son projet pilote à Port-Saint-Louis-du-Rhône doit permettre de démontrer que l’énergie osmotique peut devenir une énergie de base et un complément pour d’autres types de production, notamment l’énergie hydraulique. Cette technologie se présente d’ailleurs comme une solution au réchauffement climatique, qui assèche les cours d’eau, puisque sa production est permanente et indépendante des conditions météorologiques.