Gaza : le soutien armé à Israël divise la classe politique française

Gaza : le soutien armé à Israël divise la classe politique française

Emmanuel Macron a demandé samedi l’arrêt de la livraison d’armes à Israël pour donner toutes les chances à un cessez-le-feu. Sa déclaration a provoqué l’ire du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui parle d’une « honte ». Elle divise surtout la classe politique française.

Dans un entretien à France Inter diffusé samedi, Emmanuel Macron a appelé à arrêter les livraisons d’armes à Israël, qui bombarde la bande de Gaza et le Liban, dans le cadre de sa guerre contre le Hamas et le Hezbollah. Le président de la République a réitéré cette demande lors du XIXe Sommet de la Francophonie tenu au Grand Palais à Paris.

Nétanyahou s’insurge contre les propos d’Emmanuel Macron

Cet appel concerne principalement les États-Unis, de loin le plus grand fournisseur d’armes d’Israël. Officiellement, la France n’en livre pas à l’Etat hébreu. Emmanuel Macron estime qu’« aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique » pour obtenir un cessez-le-feu. Ainsi, dans un souci de cohérence, il exhorte les soutiens d’Israël à ne pas lui livrer des armes pour continuer à faire la guerre.

Sans surprise, cette sortie du chef de l’Etat français a mis en rogne Benyamin Nétanyahou. Le Premier ministre israélien a dit « honte à Macron et aux dirigeants qui le suivent sur le fait d’imposer un embargo sur la vente d’arme à Israël ». Selon lui, tous les Etats civilisés devraient se tenir fermement aux côtés de son pays « qui combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran ». Il assure « qu’Israël se battra jusqu’à ce que la bataille soit gagnée » et que la « civilisation » l’emporte sur le « fanatisme ».

« Il ne faut pas désarmer Israël », lance Yaël Braun-Pivet

Cette rhétorique du dirigeant d’extrême droite ignore complètement la question palestinienne, plutôt légitime. Si Israël a le droit de se défendre, les Palestiniens ont également droit à un Etat. Et c’est là le fonds du problème…Mais il n’y a pas que Benyamin Nétanyahou qui voit midi à sa porte, et que la déclaration d’Emmanuel Macron choque. En France aussi, les propos du président passent mal auprès de certains politiques, notamment Sébastien Chenu. Dans les « Grandes Gueules » sur RMC, le député RN a jugé la position de Macron « hypocrite » car elle s’adapterait aux interlocuteurs.

Selon lui, le patron de l’Elysée s’est senti obligé de tenir un discours pro Gaza lors du sommet de la francophonie, une organisation où dominent les pays du sud global, pour la plupart des défenseurs de la cause palestinienne. Sébastien Chenu pense que le chef de l’Etat ridiculise et marginalise la France sur la scène internationale avec une telle déclaration. Même son de cloche du côté de Yaël Braun-Pivet, qui affirme qu’« il ne faut pas désarmer Israël dans les circonstances actuelles ».

Pas la réaction « la plus appropriée » sur Israël, d’après François Hollande

Pour la présidente de l’Assemblée nationale, c’est le Hamas qui pose problème. Le groupe armé entraverait la mise en place d’un cessez-le-feu et donc s’inscrirait dans une logique de guerre jusqu’à la destruction d’Israël. C’est pourquoi, Mme Braun-Pivet juge vital de continuer à armer l’Etat hébreu. « Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas en même temps faire le maximum d’efforts pour épargner les populations civiles », a nuancé la députée Renaissance.

François Hollande a également attaqué Emmanuel Macron. Il considère que sa réaction n’était pas « la plus appropriée », d’autant plus que la France ne livre pas d’armes à Israël. Cependant, l’ancien chef d’Etat concède à son prédécesseur qu’il avait « eu raison de demander un cessez-le-feu » à Gaza et au Liban.

Il y a longtemps que Macron aurait dû prendre cette décision, estime Éric Coquerel

D’autres politiques donnent plutôt raison à Emmanuel Macron. C’est le cas de Dominique de Villepin qui affirme qu’il a bien fait de se prononcer en faveur de l’arrêt des livraisons d’armes à Israël. L’ancien ministre des Affaires étrangères note qu’« on ne peut pas aller vers la paix sans parier sur la politique ». Il estime qu’on ne doit plus envoyer d’armes à Israël car aujourd’hui « sa sécurité n’est pas en jeu depuis Gaza ». Le député Insoumis Éric Coquerel, lui, en veut à Macron d’avoir tardé à prendre cette décision. Selon lui, il y a longtemps qu’il aurait dû le faire afin de mettre fin au « génocide en cours à Gaza ».

La Rédaction

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