Accès aux soins : les spécialistes souhaitent recevoir directement des patients

By on 07/10/2024

A l’occasion d’un congrès organisé à Lille ce weekend, Avenir Spé a plaidé pour que les spécialistes reçoivent des patients sans passer par les généralistes. Le premier syndicat des médecins spécialistes de France pense que cela permettra de faciliter l’accès aux soins. Mais cette idée suscite régulièrement des tensions avec les médecins traitants.

Avenir Spé, le premier syndicat des médecins spécialistes de France, a organisé ce weekend son congrès à Lille. Lors de cette rencontre, l’organisation a présenté un manifeste contenant une série de recommandations. Elle a notamment proposé de faciliter l’accès aux spécialistes, en leur permettant de recevoir des patients, sans passer systématiquement par un généraliste.

Recevoir directement les patients pour mettre fin aux délais de rendez-vous parfois très longs

Aujourd’hui, les patients doivent d’abord consulter leur médecin traitant pour que celui-ci les oriente ensuite vers un spécialiste. Avenir Spé juge cette étape contraignante et inadaptée au contexte actuel, avec des délais de rendez-vous parfois très longs. En effet, hors urgence, il faut par exemple attendre plus de 30 jours pour être reçu par un dermatologue et 40 jours par un cardiologue. Sans cette étape, le patient ne peut être correctement remboursé par l’Assurance maladie, et le médecin spécialiste bien rémunéré.

Les spécialistes suggèrent de facturer la consultation à 60 euros

Avenir Spé critique une « hiérarchisation » des médecins qui freine l’accès rapide aux soins. Pour améliorer le système, le syndicat souhaite que les spécialistes puissent s’adresser des patients entre eux-mêmes, sans avoir besoin d’une orientation préalable par un médecin généraliste. Par exemple, un pneumologue pourrait adresser un patient à un cardiologue s’il suspecte un problème cardiaque devant un essoufflement.

Avenir Spé suggère de facturer cette consultation à 60 euros, et de l’appliquer seulement dans le cadre de soins non programmés ou d’une demande d’avis rapide. Mais l’idée avait déjà suscité des tensions avec les généralistes, lors des négociations de mai entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins sur les tarifs des consultations. MG France, premier syndicat des généralistes, avait menacé de ne pas signer la première version du projet d’accord. Il y voyait un court-circuitage du rôle central du médecin traitant.

Des consultations doivent aussi accessibles aux patients envoyés par les professionnels paramédicaux

En raison des vives oppositions exprimées durant ces discussions, le texte avait été largement révisé pour éviter un blocage. En remettant sur la table cette mesure, Avenir Spé relance donc un débat sensible. Cependant, l’association estime que sa proposition est essentielle pour améliorer l’accès aux soins spécialisés en France, dans un contexte de pénurie de généralistes. Et elle va encore plus loin. L’organisation recommande que les consultations soient aussi accessibles aux patients envoyés par des professionnels paramédicaux. En particulier les infirmières, sages-femmes et kinésithérapeutes.

Avenir Spé veut en outre que les spécialistes reçoivent les patients dépendants ou vulnérables, comme les personnes âgées. Selon le syndicat, cela permettra d’offrir plus de souplesse et de réduire les délais d’attente pour une première consultation. Les spécialistes pourraient par exemple, précise-t-il, recevoir dans un délai réduit de quatre jours pour un soin non programmé, et de trois à quatre semaines pour un avis spécialisé. Ils s’engageraient d’ailleurs à fournir un compte-rendu au médecin traitant.

Les spécialistes recommandent la création de pôles de spécialité dans chaque région

Par ailleurs, Avenir Spé propose de déployer partout des équipes de soins spécialisés, comprenant des médecins d’une même spécialité. Ceux-ci s’organiseront pour répondre plus rapidement aux demandes des médecins généralistes. Le syndicat plaide enfin pour la création de pôles de spécialité dans chaque région, sur le modèle des instituts du sein. Ces unités de compétences regrouperont donc divers professionnels et seraient équipés de matériel de pointe. Pour le reste, le manifeste d’Avenir Spé liste une série d’engagements. Parmi lesquels le dépistage et la prévention des populations fragiles, ainsi qu’une meilleure prise en charge du handicap et de la santé mentale.

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