Management : bousculer les modes d’organisation pour plus de performance
Depuis 2019, les attentes, les aspirations et les modes de travail des salariés ont été considérablement bouleversés. Autant de paramètres qui ont une incidence sur la gestion des effectifs et le management.
Depuis la pandémie de Covid-19 et les bouleversements sanitaires, économiques et sociaux, les salariés et les candidats à l’emploi sont devenus plus exigeants. De quoi mettre au défi les entreprises, qui repensent de fond en comble leurs modes de fonctionnement et de management.
Désormais, les salariés sont à la recherche d’épanouissement au travail, et pour cela, certains sont prêts à abandonner leur poste pour un autre plus en accord avec leurs exigences. Selon une étude conduite par ManpowerGroup et publiée en septembre dernier, les salariés exigent ainsi des garanties pour « progresser, pour faire attention à [leur] santé mentale, pour trouver un sens et une raison d’être à [leur] métier, et plus globalement pour réussir, quelle que soit la définition que chacun attribue à ce verbe. »
La société américaine de recrutement a retenu cinq grands enseignements, à la suite de cette étude, afin de donner quelques clés de compréhension aux employeurs qui auraient à faire face au découragement de leurs salariés. C’est, tout d’abord, la nécessité de « repousser la frontière de la flexibilité » qui apparaît, 93 % des actifs considérant que leur vie professionnelle devrait être plus souple – avec, par exemple, davantage de télétravail. La manière de diriger, également, pourrait être revue selon eux, afin de leur accorder plus d’autonomie et de confiance.
« Dans les entreprises, c’est la qualité du management qui permet aux collaborateurs de se surpasser », Pacôme Lesage
Autre enseignement : pour s’épanouir au travail, les salariés souhaitent un environnement sain et basé sur la confiance, notamment avec leurs collègues (82 % chez les femmes, 77 % chez les hommes). La vie de famille, ensuite, est une donnée fondamentale pour de nombreux salariés, qui invitent leurs cadres à faciliter la progression interne. Quant à la santé mentale, un travailleur sur quatre estime que les employeurs doivent apporter plus de soutien afin de prévenir l’épuisement professionnel (ou le burn-out).
Autant de revendications que les managers doivent entendre et appliquer, sous peine de voir le marché du travail s’effondrer. « On parle de la guerre des talents depuis des années, et là, on est en plein dedans, estime Sylvain Paulet, CMO de Flatchr, un logiciel de recrutement et de gestion des candidatures. Les entreprises se battent pour avoir des candidats. Et quelles sont leurs armes ? Le cadre de travail, les missions proposées et tous les “à-côtés” : un aménagement du temps de travail, le télétravail, un environnement sain, etc. »
Tout ceci, estime-t-il, doit permettre de « nourrir la marque employeur », et celle-ci « d’attirer les candidats ». Les managers n’ont, en effet, pas le choix : face à la pénurie des talents, ils doivent s’adapter et ne pas hésiter à bousculer leurs modes d’organisation. Et l’une des exigences fondamentales des salariés n’est autre que le respect de leur vie de famille. C’est ce qu’a fait, par exemple, le groupe L’Oréal, qui n’a pas attendu l’allongement du congé paternité pour le porter, en ses murs, à six semaines, dès 2019, puis huit semaines (contre vingt-et-un jours calendaires légaux).
Une conception du management partagé par Pacôme Lesage, président de Sage France et Europe du Sud : « Dans les entreprises, c’est la qualité du management qui permet aux collaborateurs de se surpasser ». Et pour cela, le président mise, entre autres, sur la communication pour inclure au mieux les équipes : « Je prends beaucoup de temps pour expliquer la stratégie, donner du sens et de la visibilité à ce que nous faisons, et cela sur tous les sujets qui comptent pour l’entreprise ».
Responsabiliser les équipes
Pour beaucoup, le management doit donc évoluer, surtout depuis la crise sanitaire. Tandis que certaines entreprises se contentent de mettre en place de nouvelles politiques de management (formation des cadres, acquisition de nouvelles compétences, etc.), d’autres vont plus loin et révolutionnent leur organisation managériale, basée dorénavant sur la responsabilisation des équipes, l’agilité et la créativité des collaborateurs, afin de favoriser la productivité grâce à l’intelligence collective.
Le rôle du manager doit, dès lors répondre aux demandes des salariés. C’est la décision prise par Pacôme Lesage, pour qui il est important que les managers « s’impliquent auprès de leurs équipes, qu’ils apportent de la valeur pour elles. » Résultat : la branche tricolore de l’éditeur de logiciels comptables connaît un turnover faible (6,9 %) par rapport à celui du groupe (19 %).
Pour lui comme pour de nombreux employeurs, désormais, ce n’est plus le chiffre d’affaires qui fait tourner une société, mais bien l’implication des équipes en interne. Et, par conséquent, le management intelligent.