Économie : les TPE et PME résistent, mais jusqu’à quand ?
Si les petites et moyennes entreprises tricolores affichent de bons résultats au premier trimestre 2022, la guerre en Ukraine et l’inflation galopante pourraient changer la donne. Des voix s’élèvent pour simplifier le quotidien de ces structures, qui représentent 95 % du tissu économique du pays.
Les TPE et PME françaises doivent-elles s’attendre à des lendemains qui déchantent ? Pour l’instant, tous les voyants, ou presque, sont au vert. D’après une étude récente de l’Ordre des experts comptables, intitulée « Image PME » et réalisée auprès de 500 000 très petites entreprises (moins de 20 salariés) et moyennes entreprises (moins de 500 salariés), entre janvier et mars 2022, le chiffre d’affaires de ces structures a progressé de 12,5 % par rapport au premier trimestre 2021.
Que ce soit dans l’hébergement et la restauration (+ 169 %), le commerce de détail, la construction, l’entretien et la réparation automobile, ou encore les transports routiers, les chiffres sont meilleurs que ceux de l’an dernier. Qui étaient, d’ailleurs, eux-mêmes en hausse malgré les mesures sanitaires prises pour lutter contre la crise due au coronavirus (fermetures, confinements, couvre-feu, etc.).
Replacer les TPE et PME au coeurs des politiques publiques
Mais le contexte international, notamment, s’est invité dans la danse. La guerre en Ukraine, conduite depuis le 24 février dernier par la Russie, risque de pérenniser, en l’aggravant, une inflation pour l’instant contenue dans l’économie française ; les marges bénéficiaires des TPE/PME, en raison de la hausse du prix des matières premières (entre autres), pourraient bien être amputées, tandis que les taux d’intérêt risquent d’être relevés en juillet, ce qui pèsera sur l’investissement des entreprises.
Pour faire face à ces lendemains difficiles, qui, selon certains, ne manqueront pas d’arriver, et compte tenu du poids de ces structures dans l’économie tricolore, de nombreuses voix s’élèvent pour faciliter le quotidien des entrepreneurs. « Il est indispensable de s’appuyer sur les 3 millions de TPE/PME qui constituent 95 % du tissu économique de notre pays », estime par exemple Lionel Canesi, le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables.
« L’armée silencieuse des indépendants, des TPE et des PME crée des emplois non délocalisables, fabrique du lien social dans nos quartiers, anime nos centres-villes et nos villages », raison pour laquelle il est urgent, selon lui, de les « replacer au cœur des politiques publiques ». Comment ? En préservant les marges des entreprises, grâce à la « suppression de tout ou partie des cotisations sociales sur les salaires », par exemple, ce qui libérerait au moins 15 % de pouvoir d’achat.
Plus structurelle, et, par conséquent, moins immédiate, la digitalisation à marche forcée de ces structures – dont la plupart ont dû prendre le virage numérique lors du premier confinement, en mars 2020 – est également avancée. Sage, l’un des leaders sur le marché des solutions de comptabilité, de paie et de gestion, plaide ainsi pour un effort de formation aux outils digitaux, ainsi qu’à la culture du numérique, afin qu’ils soient pleinement accessibles aux dirigeants de TPE/PME.
Culture digitale et formation au numérique
Aujourd’hui, 25 % des entreprises françaises sont équipées par Sage, qui propose des solutions digitales pour leur faire économiser du temps au quotidien, en leur simplifiant au maximum la tâche. Si, dans des secteurs comme la restauration ou l’immobilier, la digitalisation s’est opérée à la « va-vite » durant l’épidémie de Covid-19, il conviendrait à présent de soutenir le mouvement afin d’accompagner la reprise économique, en allouant une partie des fonds prévus dans les plans de relance à des efforts de formation numérique.
« Simplifier, c’est leur permettre de se concentrer sur ce qui est important, stratégique, critique. C’est créer des conditions de décisions plus rapides, rappelle Isabelle Pré, responsable du marketing et de la communication chez Sage. Simplifier pour aller à l’essentiel, pour fluidifier l’expérience, pour accélérer les opérations : c’est l’ambition de notre nouvelle promesse de marque », dans un monde qui « change », « toujours plus complexe ».
Autre solution avancée pour permettre aux TPE/PME de remplir pleinement leur rôle de pilier de l’économie française : la simplification de l’accès aux commandes publiques pour ces structures. Thibault Lanxade, le PDG de Luminess, qui accompagne les entrepreneurs dans la transformation digitale de leur société, plaide ainsi pour la création d’une nouvelle catégorie de marchés publics : les « marchés de souveraineté », à destination, bien entendu, des petites structures.
Les TPE/PME ont obtenu, au cours des 20 dernières années, 10 milliards d’euros supplémentaires de commandes publiques ? « Notable, estime-t-il, mais au regard de leur poids dans l’économie, il faut faire mieux, et vite ». Là aussi, une (deuxième) piste est avancée : en cas de partenariat avec une petite entreprise, les acheteurs publics pourraient être dispensés du recours aux procédures de marchés publics. L’idée, intéressante pour toutes les parties, promet en revanche de belles altercations si jamais elle était portée devant le Parlement.