Investissements verts : comment aller au-delà du greenwashing

Investissements verts : comment aller au-delà du greenwashing

Les investissements verts sont une des clés de la transition énergétique. Souvent mis en avant par les entreprises, soucieuses de s’offrir une image « écolo », ces investissements ne sont hélas à l’heure actuelle pas au niveau nécessaire pour répondre aux enjeux climatiques, explique dans une tribune Thomas Boidot-Dorémieux, directeur du Lab Innovation de Lamarck Group. Selon lui, les investissements verts doivent être accélérés pour dépasser le greenwashing et l’effet de posture.

Loin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et arriver à zéro émission nette à l’horizon 2050, les Nations Unies estiment que les montants totaux des investissements verts devraient s’élever à trente-cinq mille milliards au cours de cette période. Un chiffre qui peut donner le tournis, mais qui ne représente, selon Thomas Boidot-Dorémieux, qu’un « surcout d’environ 20 à 30% par rapport aux investissements prévus dans le cadre de la continuité des pratiques actuelles ». En clair, basculer sur des investissements verts n’est pas aussi coûteux qu’il n’y parait de prime abord. D’autant que ces investissements, portant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, seront largement compensés par la diminution du coût des dommages liés au changement climatique.

Néanmoins, l’économie mondiale enregistre un véritable retard à l’allumage pour atteindre les objectifs fixés par la COP21. Si les montants investis dans les énergies renouvelables entre 2007 et 2017 ont été multipliés par six, cela reste largement inférieur aux montants qui seraient nécessaires. A titre d’exemple, Thomas Boidot-Dorémieux évoque le dynamisme du marché des émissions d’obligations vertes, qui connait une croissance de 70% par an depuis sa création en 2012, « celui-ci ne représente aujourd’hui qu’une fraction des émissions obligataires internationales : 255 milliards d’USD contre 5 000 milliards au total en 2019 ».

Des chiffres qui expliquent la double tendance actuelle : un véritable engouement pour les investissements verts, mais des investissements qui demeurent marginaux en termes de volumes. Ce n’est pourtant qu’en accélérant sur les produits financiers verts que les objectifs de l’Accord de Paris seront remplis. Une prise de conscience d’autant plus importante que le marché est aujourd’hui mature et que de nombreuses initiatives et certifications permettent de garantir la qualité des actifs verts.

En Europe, le Green Bonds Standard s’appuient par exemple sur les Objectifs de Développement durable de l’ONU et doivent, pour être éligibles, financer des projets contribuant de façon notable à la limitation du réchauffement climatique, à l’adaptation au changement climatique, à l’utilisation durable et à la protection de l’eau et des ressources, à la transition vers une économie circulaire, à la prévention et au contrôle de la pollution, et à la protection et à la restauration de la biodiversité et des écosystèmes.

Trop de labels, référentiels et taxonomies

Thomas Boidot-Dorémieux regrette « une multiplicité des labels, référentiels et taxonomies qui ne simplifie pas le travail des sociétés proposant des produits financiers verts ni l’information des investisseurs qui souhaitent en acquérir. Il est capital, pour garder la confiance des investisseurs et faire progresser l’investissement durable, de ne pas tomber dans le piège d’une labélisation marketing comparable à celle que l’on trouve dans de nombreux produits de grande consommation ». Et le directeur du Lab Innovation du Group Lamarck de proposer des pistes pour sortir du piège du greenwashing et d’une « forte suspicion autour des investissements verts ».

Parmi les principales raisons d’investir dans les produits financiers verts, M. Boidot-Dorémieux évoque les politiques fiscales et monétaires, les inquiétudes portant sur le risque de transition et sur les activités non durables, la volonté d’avoir plus de transparence dans ses investissements, et l’amélioration de l’image et de la réputation. Selon lui, les principaux atours pour les investisseurs sont des risques plus faibles, de meilleurs rendements et une diversification du portefeuille ; pour les émetteurs, cela génère une réduction du coût du capital, et un meilleur accès au capital.

« Sans nouvelles incitations permettant de développer les investissements verts, que ce soit via les green bonds et de nouveaux produits financiers, via la transparence accrue permettant de dégager les avantages des projets verts et des entreprises qui les portent en terme de risque ou de rentabilité ou via la fiscalité, il est peu probable que l’on parvienne au niveau requis d’investissement pour tenir nos engagements de réductions de GES », conclut Thomas Boidot-Dorémieux.

La Rédaction

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