Danone, victime collatérale du Covid
Mauvaise passe pour le groupe alimentaire français, contraint de réduire ses coûts pour compenser des résultats décevants liés à la crise sanitaire.
En annonçant lundi la suppression de 1500 à 2000 postes dans le monde, Danone a offert l’image d’une entreprise en difficulté. En plus de refléter une réorganisation plus en phase avec les évolutions du marché, cette décision vise à réduire les frais de structure à hauteur d’un milliard d’euros. Elle intervient à un moment délicat pour les finances du groupe, sous la pression d’investisseurs qui ont vu le cours de l’action Danone perdre un quart de sa valeur en un peu plus d’un an. Elle survient aussi à l’issue d’une séquence mouvementée en interne, avec plusieurs départs au sein du Comex et des critiques émises par certains actionnaires sur la stratégie suivie par son PDG Emmanuel Faber.
Des résultats fortement impactés par les mesures sanitaires
Mais pour inquiétante qu’elle soit, la baisse de l’action Danone est moins l’expression de doutes quant à la solidité du groupe que le résultat d’une mauvaise passe commerciale. En cause : la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, qui s’est traduite par de fortes répercussions sur les ventes partout dans le monde.
Au cours des derniers mois, marqués par des périodes de confinement plus ou moins longues, les habitudes de consommation ont été bouleversées. Les points de vente ont accordé une moindre place à de larges gammes de produits. Le coût du transport a augmenté. Mais le principal facteur explicatif de ces résultats en berne réside dans la baisse des ventes d’eau.
Sur les neuf premiers mois de l’année, celles-ci ont chuté de 20 %. D’ici la fin décembre, le montant des pertes dans cette division pourrait représenter plus d’un milliard d’euros. Ce recul s’explique par des décisions politiques prises pour ralentir le virus : l’interruption momentanée du tourisme et la fermeture des bars et restaurants. Un double coup dur pour la consommation d’eau en bouteille, secteur essentiel pour un groupe qui compte dans son portefeuille des marques comme Evian, Volvic ou Badoit.
Les yeux fixés sur le monde d’après
Au siège de Danone, on prend son mal en patience, persuadé que la fin de la crise sanitaire permettra de renouer avec des chiffres plus en phase avec les ambitions du groupe. Les annonces successives autour d’un vaccin anti-Covid ont été accueillies comme un signe encourageant. Elles laissent présager d’un retour à la normale en termes de ventes, même si, comme l’a prévenu Emmanuel Faber, la reprise risque de s’étaler dans le temps.
En attendant, les dirigeants du groupe ont les yeux fixés sur le monde d’après, convaincus que l’irruption du virus a accéléré certaines tendances à l’œuvre. La période a révélé chez les consommateurs et chez les citoyens une préoccupation accrue pour la souveraineté alimentaire, la santé, la volonté de mieux contrôler son alimentation. Autant de thèmes sur lesquels Danone se veut en pointe depuis des années.
Structurellement, le groupe reste solide, prêt à effacer l’ardoise d’une année compliquée pour tout le monde. En annonçant lundi la réorganisation du groupe pour mieux « coller » à la réalité des marchés locaux, Emmanuel Faber a affiché son ambition de faire croître les ventes de 3 à 5 % à moyen terme, tout en dopant la marge opérationnelle avec un objectif compris entre 15 et 20 %.