L’industrie : fleuron du savoir-faire à la française ?
Ce lundi 18 mars débute la Semaine de l’industrie dont l’objectif est de faire découvrir au grand public le monde de l’industrie. Alors que ce secteur offre des carrières passionnantes avec des salaires plus hauts que la moyenne, il souffre d’un manque de compétences et d’attractivité. Pourtant, pour la première fois depuis 2000, l’industrie française crée plus d’emplois qu’elle n’en perd, et ouvre davantage d’usines qu’elle n’en ferme. Pour le gouvernement, cette reconquête industrielle ne sera pérenne que si l’ensemble des acteurs industriels se mobilisent.
L’industrie française est-elle en perte de vitesse ?
En 2019, l’industrie génère au total 1.000 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France. Les trois quarts de cette valeur sont partagés par 1% seulement des entreprises du secteur secondaire. Pour autant, trois millions de salariés vivent de cette activité, répartie entre 237.000 entreprises. Côté spécialités, c’est l’automobile, le textile, les centres de Recherche & Développement, l’aéronautique et l’énergie qui restent les plus importants, ces domaines concentrant les plus grands sites en France. Inégalement répartie, l’industrie est davantage implantée en Alsace-Lorraine, dans le Nord-Pas-de-Calais, les Pays de Loire et sur l’axe Grenoble-Lyon. Toulouse et Marignane, dans le Sud, qui accueillent des usines Airbus, font figures d’exception : les zones méridionales du pays ne peuvent se targuer de la même densité d’usines qu’au Nord et dans la Vallée du Rhône. Pour autant, dans toutes les régions, de la façade Atlantique au pourtour méditerranéen, on assiste à l’émergence de certaines zones industrielles dynamiques.
Perçu comme victime des délocalisations ayant cours depuis vingt ans, et d’un manque de compétitivité face à la concurrence de certains voisins (Allemagne, Suisse), le secteur industriel français affiche une certaine dynamique : le nombre d’ouvertures d’usines dépasse depuis deux ans les fermetures. Mais les difficultés que rencontrent certains sites obligent à nuancer ce propos. La fermeture de l’usine d’Arjowiggins à Jouy-en-Morin côté papeterie ou du site Ford de Blanquefort dans l’automobile, les suppressions de postes répétées d’Alcatel-Lucent ou la perte d’Ascoval figurent parmi ces cas récents qui appellent à la vigilance. Raison pour laquelle le gouvernement se veut proactif, en adoptant une vision d’ensemble : le 4 mars, il a lancé l’événement « 2019, année de la French Fab », en compagnie de poids lourds du milieu, dont des représentants de France Industrie, Business France, BpiFrance et l’UIMM, à l’instigation de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher. Ils ont eu pour tâche de réfléchir ensemble à ce que la Semaine de l’Industrie et d’autres actions prochaines pourront apporter comme réponses aux inquiétudes du secteur. Au titre des satisfecit, la conjoncture s’améliore quelque peu : le secteur manufacturier a rebondi légèrement en février, après six mois de chute. Une reprise que dirigeants et politiques veulent à tout prix consolider.
La reconquête est lancée : quand le made in France séduit
Ils sont jeunes (pour la plupart), entreprenants, dotés d’une vision nouvelle et en voie vers le succès : les industriels soutenus par la banque publique BpiFrance, réunie sous la bannière « French Fab », ont été particulièrement à l’honneur lors de la journée du 4 mars 2019, pour la deuxième édition de Global Industrie à Lyon. Prêts à transformer les process en s’appuyant sur les dernières technologies innovantes et à vouloir que la France soit bien présente dans la course à la robotisation de l’industrie, menée tambour battant dans le monde. Un dynamisme soutenu par l’Etat, qui a délégué des antennes de coopération entre les différents acteurs (institutionnels et privés) au sein des « territoires d’industrie », et innové par une mesure fiscale de soutien à l’automatisation : le « suramortissement robotique ». En parallèle, un French Fab Tour a été organisé : ce parcours à travers la France va permettre au secteur secondaire de présenter ses métiers, pour pallier la crise des vocations, due en grande partie à des idées reçues sur la dureté des professions en usine. Une campagne de séduction qui avait été amorcée par le salon Usine extraordinaire, qui s’est tenu au Grand Palais, et où les entreprises ont démontré tout le chemin qu’avait parcouru le secteur ces dernières années, en termes de technologie et d’embauches.
La Semaine de l’industrie, du 18 au 24 mars, participe là encore à valoriser le made in France aux yeux des particuliers et professionnels. Pour sa neuvième édition, près de 4.000 rendez-vous auront lieu dans toute la France, aussi bien des jobs datings que des visites de sites ou des forums des métiers. Tous les industriels sont impliqués, afin de démontrer, que le secteur offre des perspectives durables. EDF, par exemple, ouvrira les portes d’une trentaine de sites de production d’électricité partout en France. A Civaux, les 20 et 23 mars, se tiendront ainsi une animation Mobilité durable dédiée aux énergies de demain et à la transition écologique. Pour les adultes et les adolescents, il sera possible de visiter un simulateur de conduite, réplique d’une salle de commande d’une centrale nucléaire. L’espace EDF Bazacle, lui, organisera des visites guidées autour de l’histoire de l’électricité et des dispositifs pour préserver la faune aux abords des sites de production.
La culture industrielle française a besoin de ce type d’événement pour défaire le public des préjugés. Nombre de ses savoir-faire sont uniques au monde, et l’ensemble de la production française satisfait à des exigences environnementales et sociétales très avancées. 73% des consommateurs sont prêts à payer plus pour des produits Made in France, selon une étude du magazine LSA. Preuve que le discours sur la qualité de la production française, très présent au sein des pouvoirs publics, et la performance des industriels sont déjà à l’œuvre pour que l’industrie française se porte de mieux en mieux au cours des prochaines années.