Limitation de vitesse, big data… Comment réduire les accidents de la route ?

Limitation de vitesse, big data… Comment réduire les accidents de la route ?

Alors que la polémique autour de la limitation de vitesse à 80 km/h se poursuit, les solutions innovantes pour sécuriser les routes de France se multiplient.

Un mois après son entrée en vigueur, la limitation de vitesse à 80 km/h sur certaines routes secondaires de France ne fait toujours pas l’unanimité. « Pour moi c’est un racket organisé. Il y a peu de panneaux qui indiquent la vitesse et dès que les gens ont passé le radar, ils conduisent comme des fous », confie Bernard, un conducteur de la périphérie de Toulouse, au quotidien LaDépêche.

Une attitude préoccupante pour l’historien spécialiste des transports et de la mobilité Mathieu Flonneau : pour le chercheur, si la limitation de vitesse suscite une telle polémique et déchaîne les passions, c’est parce que « la sécurité routière est un enjeu primordial de mobilité et donc d’insertion, de lien social. Au-delà de la voiture individuelle, la route permet à 75 % de Français d’aller travailler ».

Justement, ces Français qui travaillent ne sont toujours pas persuadés de l’efficacité de cette initiative : « On fera le point dans un an. Si les chiffres montrent qu’il y a moins de morts, alors j’applaudirai des deux mains. Si c’est juste pour remplir les caisses de l’État cela n’aura servi à rien », déclare Thierry, un autre Toulousain sceptique.

Car tout l’enjeu de cette mesure est là. La ligue contre la violence routière des Yvelines estime qu’il y aura « 300 à 400 morts de moins sur les routes de France ». Un optimisme partagé par certains : « La vitesse, c’est le facteur aggravant de toutes les autres causes de mortalité. En réduisant la vitesse, vous déplacez le curseur de la gravité des accidents », explique Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention routière. Ainsi, « là où vous avez des morts aujourd’hui, vous aurez des blessés graves, les blessés graves seront des blessés moins graves », ajoute-t-elle.

« Changement de paradigme »

Mais cela signifie que la réduction de la vitesse autorisée, bien qu’utile, ne sera pas suffisante. Dès lors, au lieu de multiplier les mesures contraignantes et les interdits, il est nécessaire de s’attaquer aux causes profondes de l’accidentalité.

Pour de nombreux acteurs, l’amélioration du système de formation à la conduite, notamment grâce aux nouvelles technologies de l’information et la communication, est essentielle pour prévenir les accidents et baisser significativement la mortalité sur les routes.

Auto-école.net, école de conduite en ligne disposant d’un réseau d’agences physiques en France, utilise le big data pour renforcer la formation de ses candidats, notamment en matière de sécurité. Certes, la gestion des données permet de rationaliser le programme de la formation et réaliser des économies importantes. Mais le big data a surtout permis à Auto-école.net de développer un outil de prédiction de l’échec et de détection des faiblesses chez l’apprenti. Soit un dispositif puissant pour réduire les risques d’accident de la route.

De leur côté, les associations Attitude prévention et Prévention routière ont lancé cette année un nouvel observatoire des risques routiers. Grâce au big data, ce dernier agrégera des données déclaratives à des données mesurées sur la route. Ceci afin de croiser la perception des Français sur les risques routiers avec leur comportement réel au volant. Pour David Dubois, président de l’Institut des Actuaires, qui s’associe à l’initiative, il s’agit d’un véritable « changement de paradigme ». « L’actuariat aujourd’hui est tourné vers l’analyse du passé. Désormais, nous allons observer les comportements pour tâcher de prédire la sinistralité future », s’enthousiasme-t-il.

L’essor des nouvelles technologies

Comme eux, de nombreux acteurs proposent des solutions innovantes basées sur les nouvelles technologies. Trois startups ont récemment lancé des applis de sécurité routière. Liberty Rider est la première application de détection de chutes qui contacte automatiquement les secours. L’extension Cosmo Connected, un petit boîtier placé sur le casque, est quant à elle capable de détecter une chute, parler à son propriétaire et contacter les urgences si elle n’obtient pas de réponse. Enfin, l’application Ellis Car permet aux automobilistes de contrôler leur conduite grâce à son détecteur de comportement.

Et la liste ne cesse de s’enrichir. Le constructeur Volkswagen vient en effet de déposer une demande de brevet pour un système de communication inter-véhicule basé sur la technologie blockchain, qui permet de stocker et transmettre des informations sans organe de contrôle. Cela promet d’être l’une des plus grandes innovations dans le domaine.

Si, comme le pense l’historien Mathieu Flonneau, la limitation de la vitesse à 80 km/h risque d’être perçue comme une « archaïsation de territoires qui sont déjà périphériques », le recours au big data devrait permettre de sauver des vies sans pour autant s’attirer les foudres des automobilistes.

La Rédaction

Un commentaire sur “Limitation de vitesse, big data… Comment réduire les accidents de la route ?

  1. En gros il n’y avait pas forcément besoin des 80 km/h (et des dépenses engendrées, financées par les PV ?) pour baisser les accidents de la route mais plutôt développer la visibilité de startups qui œuvrent dans des solutions liées aux nouvelles technologies pour sécuriser nos parcours quotidiens.

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