Auto-écoles : nouveau virage en perspective !
Le secteur des auto-écoles va-t-il connaître de nouveaux changements ? Tout porte à croire que oui. Après l’arrivée des plateformes en ligne, la réduction des délais pour les candidats libres ou encore la dématérialisation de l’inscription au permis, la loi Pacte, qui sera présentée en Conseil des ministres le 18 avril, devrait réserver de nouvelles surprises aux écoles de conduite.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la vie d’une auto-école n’est pas des plus paisibles. En effet, après avoir connu d’importants rebondissements, notamment avec l’entrée en vigueur de la loi Macron, le secteur devrait de nouveau faire face à certains changements, toujours impulsés par notre gouvernement. Le secteur des auto-écoles est en effet concerné par le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), qui fera l’objet d’une loi au printemps et qui vise à améliorer les performances des TPE et PME, tout en associant davantage les salariés aux résultats des entreprises.
La loi Macron a laissé des traces…
Pour les auto-écoles, la révolution a commencé en 2014, avec l’arrivée des plateformes en ligne, permise par la loi Macron, et qui n’ont pas manqué de bouleverser les conditions de formation et de passage du permis de conduire. Grâce à leur structure plus souple, ces dernières ont pu proposer des formules plus flexibles et beaucoup moins chères que leurs consœurs traditionnelles.
Mais ces nouvelles venues n’ont pas été accueillies très chaleureusement : Ornikar, pionnière dans le domaine, n’a en effet pas tardé à être attaquée en justice pour « exercice illégal de l’enseignement de la conduite » par les syndicats d’auto-écoles traditionnelles. Si l’école de conduite a gagné son procès, la startup fondée par Benjamin Gaigneault continue d’être régulièrement accusée de se permettre certaines largesses vis-à-vis de la loi.
Le deuxième temps fort de la révolution du secteur a eu lieu en 2016, lorsque la loi Macron — toujours elle — conduit à une privatisation du Code de la route et à un report du travail des inspecteurs sur l’épreuve pratique, laissant la surveillance de l’épreuve théorique a des organismes comme La Poste. Un an plus tard, le deuxième volet de la loi Macron vient fixer à « deux mois le délai pour présenter un candidat libre à l’épreuve pratique du permis de conduire ». Une véritable aubaine pour les auto-écoles en ligne au contraire des écoles de conduite traditionnelles.
Mécontentes, ces dernières ont d’ailleurs pris d’assaut les rues des métropoles françaises afin de dénoncer l’« ubérisation » de leur secteur. Pour Patrice Bessone, président du syndicat CNPA-Education Routière, cette mesure permettrait aux plateformes en ligne de « capter une clientèle qu’elles n’avaient pas, et les jeunes qui vont aller vers ces écoles de conduite dématérialisées risquent de payer beaucoup plus cher, alors qu’ils y allaient pour un moindre coût ».
Philippe Colombani, président de l’Union nationale des indépendants de la conduite (Unic), avait quant à lui conseillé à ses homologues « d’éviter de se positionner en donneur de leçons ». « Lorsque les professionnels se plaignaient d’un manque de places, avouons-le, beaucoup d’entre eux y trouvaient leur compte, car cela leur permettait de demander toujours plus de leçons de conduite. Au fond, cette pénurie les arrangeait, même s’ils s’en plaignaient », affirmait-il alors.
Le fait est que le secteur n’a pas cessé d’être secoué depuis quelques années, et que les principaux acteurs ont dû repenser leur modèle économique. Toujours selon Philippe Colombani, « 15 auto-écoles [traditionnelles] ferment chaque mois en France » et cela car « elles rentrent de moins en moins dans leurs frais ».
Le Maire, aussi révolutionnaire que Macron ?
Tout n’est cependant pas rose pour leurs jeunes concurrentes digitalisées. Le cas de Permigo en est emblématique. L’ancien numéro 3 français des auto-écoles en ligne a été placé en redressement judiciaire en janvier 2017 par le tribunal de commerce de Lyon, qui lui avait donné trois semaines pour trouver un repreneur et ainsi éviter la faillite. Pas moins de 10 000 élèves risquaient ainsi de perdre les sommes investis. Quelques mois plus tard, le groupe Arcan a annoncé la reprise de l’auto-école, mais de nombreux clients de « Permigo 1 » ont tout de même été obligés de repasser à la caisse pour rester chez « Permigo 2 ».
Ornikar, de son côté, demeure un poids lourd du secteur. Mais l’auto-école semble incapable d’éviter les démêlés avec la justice. La société en est déjà à neuf procès et Benjamin Gaignault, son fondateur, « ne compte plus les contrôles de l’administration ». Son principal concurrent, Auto-école.net, la startup fondée par Stanislas Llurens, semble pour l’instant être la seule à tirer son épingle du jeu.
Dans tous les cas, qu’elles soient en ligne ou bien traditionnelles, toutes les écoles de conduite ont intérêt à suivre de près les évolutions qui s’annoncent, en particulier la réforme des professions réglementées que prépare le gouvernement. D’autant que, selon les bruits de couloirs, la loi Le Maire devrait être aussi révolutionnaire que la loi Macron.