Nucléaire en France : des refontes stratégiques pour des emplois à la clé !
Même si Nicolas Hulot vient d’annoncer que la part du nucléaire français devra être réduite à 50% de sa production électrique et qu’au moins 17 réacteurs devront fermer d’ici 2025, le secteur de l’atome a encore de beaux jours devant lui. EDF, acteur numéro 1, doit, bien sûr composer avec ces effets d’annonces et actualités du moment. Une bonne nouvelle concernant Flamanville, mais des craintes pour l’EPR anglais de Hinkley Point. L’énergéticien est à la croisée des chemins, mais l’emploi y est plus qu’assuré pour les décennies à venir.
Le début de la période estivale 2017 constitue un temps plutôt singulier pour EDF et le nucléaire français. Du côté des bonnes nouvelles, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) vient de donner son accord pour que la cuve de l’EPR de Flamanville (en construction) prenne du service pendant les soixante prochaines années. Un soulagement pour EDF sur laquelle planait la menace de revoir ses plans après la découverte en 2014 d’anomalies sur la cuve. L’ASN affirme que « sur la base des analyses techniques réalisées, l’ASN considère que les caractéristiques mécaniques du fond et du couvercle de la cuve sont suffisantes au regard des sollicitations auxquelles ces pièces sont soumises, y compris en cas d’accidents ».
Pour autant, l’énergéticien va devoir remplacer le couvercle de la cuve dès 2024 afin de s’assurer d’une parfaite sûreté. Une exigence qui va coûter 100 millions d’euros sur laquelle se penchent déjà les cadres du groupe même si, selon un communiqué officiel, « les équipes d’EDF se mobilisent pour développer une méthode de suivi en service permettant de démontrer que le couvercle conserve ses qualités dans la durée ». La mauvaise nouvelle de ce début d’été est donc financière, mais vient sans conteste d’outre-Manche où le projet de centrale britannique à Hinkley Point va coûter plus cher que prévu (+ 1,8 milliard d’euros). Un budget en hausse qui pourrait s’accompagner d’un risque de retard de 15 mois pour la livraison de la centrale.
Des emplois qui vont perdurer dans le nucléaire
Cette dernière nouvelle va dans le sens des Cassandre qui répètent depuis plusieurs années que le nucléaire est voué à disparaître (en France) à court ou moyen terme. Une conclusion qui repose plus sur une vision idéologique que rationnelle de l’état du nucléaire dans l’Hexagone. Aujourd’hui, environ 220 000 personnes travaillent en lien direct avec le nucléaire. Les entreprises concernées sont en majorité des TPE (70 %) et les métiers sont extrêmement divers. Le nucléaire est-il un secteur porteur pour les jeunes diplômés ? Les risques de voir le nucléaire passer complètement la main aux énergies renouvelables sont-ils rédhibitoires ?
Les inquiétudes sont compréhensibles surtout après l’annonce prévisible du ministre de la transition écologique de réduire la part du nucléaire. Toutefois, les métiers du nucléaire ont encore de beaux jours devant eux, car en plus des EPR en construction dont la durée de vie devrait au moins atteindre soixante ans, le grand carénage (c’est-à-dire la rénovation de 31 réacteurs) va prolonger la durée de vie de ces entités de deux décennies. Des réacteurs en activité et d’autres dont la mise à l’arrêt au cours des prochaines années nécessitera des spécialistes bien formés.
Les formations liées au nucléaire sont nombreuses et vont de Bac+2 à Bac+5. Des écoles généralistes aux écoles techniques, tous les profils sont concernés. Selon les cabinets de recrutement, au moins deux ou trois générations auront assurément le nucléaire comme débouché professionnel. Contrairement à d’autres activités comme l’exploitation du charbon, la fermeture d’un site se fait sur plus d’une décennie et requiert des compétences spécifiques. A Charleville-Mézières, un cursus a été ouvert pour former à la prévention des risques et à la sûreté nucléaire. 400 candidats ont postulé pour seulement 28 places. Un engouement qui illustre si besoin en était que l’atome garde un potentiel en emplois aussi important qu’attractif.
Par Arnaud Daguin