Permis de conduire : le numérique accélère

Permis de conduire : le numérique accélère

En matière de conduite sans permis, les histoires se suivent et se ressemblent — jusqu’à un certain point. Cantonnées aux pages « faits divers » de la presse quotidienne régionale, les affaires de conduite « sauvage » atteignent parfois des proportions auxquelles un scénariste aguerri n’aurait sans doute jamais pensé. A l’image de ce conducteur de 50 ans, jugé par le tribunal de Carcassonne en décembre 2016, dont le casier judiciaire affichait alors pas moins de dix mentions pour des infractions liées au Code de la route. Comble de l’ironie, sa onzième affaire, qui l’a mené derrière les barreaux, concernait un défaut de permis constaté par les gendarmes alors que l’individu… sortait justement d’une précédente comparution, devant le même tribunal. Un multirécidiviste patenté, contre lequel le procureur a requis six mois d’emprisonnement.

Les récidives de conduite sans permis sont loin d’être l’exception. Au début de ce mois de janvier, un jeune habitant d’Angers s’est ainsi fait cueillir au volant par les forces de l’ordre, alors qu’il ne pouvait justifier ni d’un permis de conduire ni de l’assurance obligatoire. Problème, il avait déjà été attrapé six fois pour le même motif au cours de la seule année 2016. Il est passé en comparution immédiate, tout comme ce joueur du Stade Malherbe de Caen qui, en décembre dernier, a écopé, pour sa part, de deux mois de prison avec sursis et de 15 000 euros d’amende pour avoir conduit sans permis. Les policiers de Bordeaux ont même appréhendé, au début de cette nouvelle année, un homme qui proposait des services de covoiturage… sans jamais avoir passé son permis.

Les lourdes conséquences d’un défaut de permis

On l’aura compris, et au-delà de l’aspect anecdotique de certains faits divers, la conduite sans permis est un phénomène de société durablement ancré. En 2015, on estimait ainsi qu’entre 500 000 et 750 000 Français conduisaient sans posséder le fameux petit carton rose. Une conduite dangereuse, sur la route, évidemment ; mais une pratique qui peut également avoir de très lourdes conséquences judiciaires. Conduire sans permis est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. De plus, en cas d’accident, l’assureur du véhicule est en droit d’opposer une exclusion de garantie ; en d’autres termes, de ne pas indemniser les dégâts causés par le conducteur imprudent.

La plupart des particuliers qui prennent le volant sans en avoir le droit ne le font pas de gaité de cœur. Pour assurer une vie professionnelle, familiale et sociale, l’usage de la voiture est souvent une nécessité. Mais si 1,5 million de personnes passent leur permis chaque année, ce processus a parfois tout du parcours du combattant.

La durée et le prix du permis de conduire font partie des obstacles couramment rencontrés par les apprentis conducteurs. D’autant plus que ces deux critères majeurs varient très fortement d’un endroit à l’autre. Selon que l’on privilégie la filière « traditionnelle » (20 heures de conduite minimum) ou la conduite accompagnée, on obtiendra le précieux sésame au bout d’une ou deux années en moyenne. Selon l’association Prévention routière (PR), seuls 7,7 % des candidats de la filière traditionnelle obtiennent leur permis en moins de trois mois, 28 % entre six mois et un an, 35 % entre un et deux ans et même 5,6 % en plus de trois ans.

Conséquence de cette diversité de cursus, le nombre d’heures conduites — et donc payées — évolue fortement. En moyenne, un candidat de la filière traditionnelle aura besoin de 35 heures de conduite avant de réussir son examen. Selon la ville où il s’exerce, l’écart ira de 30 à 37 heures. Un écart qui peut creuser les budgets. Ainsi, si le prix moyen du permis de conduire est évalué, toujours selon PR, à 1 665 euros en France, certains malchanceux à l’examen devront parfois s’acquitter de factures dépassant les 2 000 euros. De même, les élèves ne partent pas sur un pied d’égalité selon qu’ils habitent à Paris, où le prix moyen du permis est évalué à 1 425 euros, ou à Lille, où ils ne devront débourser que 780 euros en moyenne.

Difficile de s’y retrouver, donc. Pour les aspirants à la conduite — et ceux qui ont décidé de se passer des formalités officielles —, les méandres administratifs, bureaucratiques, et bien entendu financiers, ajoutent une pression supplémentaire, qui rend leur usage de la route encore plus dangereux qu’il ne l’est déjà. Faut-il pour autant se résoudre à la fatalité ? Des initiatives voient le jour, qui dépoussièrent le secteur de la conduite et offrent un peu d’air — et d’espoir — à tous les futurs conducteurs.

L’auto-école en ligne, plus flexible et moins chère

En mettant en ligne une partie de leurs ressources, les écoles de conduite sur Internet ont le vent en poupe chez les apprentis conducteurs. Accessibles sur ordinateur, tablette ou smartphone, les contenus (vidéos, textes, dessins…) permettent aux élèves de progresser à leur rythme, et non à celui de leur formateur. Grâce aux économies de fonctionnement réalisées par l’auto-école, l’obtention du permis de conduire est rendue plus flexible et moins chère.

C’est ce qu’ont bien compris Stanislas Llurens et Benjamin Gaignault, jeunes entrepreneurs respectivement à la tête d’Auto-école.net et Ornikar. Selon Stanislas Llurens, qui a déjà ouvert pas moins de onze agences de par la France, « Nous apportons un plus. Nous n’enlevons rien. Les enseignants et les élèves peuvent se choisir mutuellement, et choisir leurs horaires grâce à un planning en ligne. C’est plus flexible, plus efficace, et ça coûte moins cher », résume celui qui promet à ses clients le nouveau passage d’examen en moins de trente jours. Pour Benjamin Gaignault « On n’a pas eu l’idée du siècle, mais on répond à un besoin mal satisfait sur un marché existant ». Celui qui s’est lancé en 2013 ajoute que ce « système est bien plus moderne et permet de se former partout et tout le temps. »

Une bonne nouvelle que vient conforter celle de la baisse globale du temps d’attente avant de passer le permis. Ce temps aurait ainsi été réduit d’un tiers au cours des derniers mois, passant, en France, de trois à deux mois.

J. Boulier

 

La Rédaction

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