L’usine marémotrice de la Rance fête ses 50 ans
Unique en son genre en France, l’usine marémotrice de la Rance reste un modèle jamais égalé à travers le monde. Mise en service en 1966, elle a fêté ses 50 ans en novembre dernier. Son mode de fonctionnement tout comme son rendement des plus performants en termes de production d’électricité 100% renouvelable en font un exemple de réussite made in France.
C’est le Général de Gaulle qui, souhaitant inscrire la France dans un mouvement d’indépendance énergétique, avait donné le coup d’envoi de la construction de l’usine marémotrice de la Rance en 1961. Car « à l’époque, la France avait une volonté très forte d’indépendance énergétique » comme le souligne Michaël Allali, le directeur de la branche hydroélectricité Bretagne-Normandie de chez EDF. Une usine qui utilise l’énergie des marées qui se jouent deux fois par jour dans l’estuaire de la Rance pour faire tourner ses imposantes turbines de 5,35m et transformer ce flux continue et régulier en électricité 100% renouvelable, propre et sans déchets.
Installée dans l’estuaire de la Rance en Bretagne entre les communes de La Richardais et de Saint-Malo en Ille-et-Vilaine en Bretagne, l’usine a finalement été inaugurée à la fin de l’année 1966. Et 50 ans plus tard, ce qui reste encore aujourd’hui un fleuron en matière de production d’hydroélectricité fonctionne toujours à plein régime et avec un niveau de performance plus que satisfaisant.
« il y a peu d’installations aussi innovantes dans le monde »
Car l’infrastructure, mise sur pied par EDF qui en conservera par ailleurs encore l’exploitation jusqu’en 2043, est capable de produire non moins de 240 mégawatts d’électricité en utilisant donc l’énergie issue des marées. Un tel rendement permet ainsi d’alimenter jusqu’à 250 000 foyers, soit l’équivalent des besoins d’une ville comme Rennes ou comme Bordeaux intra-muros. Et lors des « marées du siècle » qui ont eut lieu en mars 2016, le site a même été dans la capacité de fournir de l’électricité pour toute la ville de Rennes et celle de Nantes.
Une fois n’est pas coutume, la France peut légitimement être particulièrement fière de l’usine de la Rance, une infrastructure qui reste cinq décennies plus tard une exception mondiale, le directeur d’EDF Michaël Allali affirmant d’ailleurs : « il y a peu d’installations aussi innovantes dans le monde ».
« Il faut des conditions très particulières pour permettre l’installation d’une usine ce type »
Un fonctionnement qui la classe à part en France et dans le monde
L’usine marémotrice de la Rance fonctionne donc en transformant l’énergie des marées en électricité. Elle s’appuie plus précisément sur le débit de l’eau et sur la différence entre la hauteur d’eau de part et d’autre du barrage de la Rance qui a été spécialement construit. Ce qui fait par ailleurs sa singularité tant dans le reste du pays qu’à travers le monde tient d’une part aux spécificités du site où elle est implantée et d’autre part à la technologie sur laquelle elle s’appuie.
Le site de l’estuaire de la Rance a été ainsi retenu comme lieu d’implantation car les variations de hauteur du niveau de la mer entre deux marées sont des plus importantes avec 13,50m d’amplitude maximale. Cette importante amplitude entre les deux marées est même unique en France. Le responsable d’EDF M. Allali expliquant : « Il faut des conditions très particulières pour permettre l’installation d’une usine ce type », soit de très fortes amplitudes entre deux marées donc mais également un estuaire long et une embouchure étroite. Et le seul autre endroit dans le pays où il serait éventuellement possible d’implanter une autre usine marémotrice serait dans la Baie du Mont S-Michel, chose évidemment totalement impossible.
Autre fait notable dans le fonctionnement de l’usine de la Rance : sa capacité à fonctionner aussi bien à marée haute qu’à marais basse. Le site génère donc de l’électricité indifféremment lorsque la marée monte que lorsqu’elle descend grâce des turbines de production particulièrement novatrices (les groupes « bulbes ») pour la fin des années 60 et qui restent encore aujourd’hui à la pointe en la matière.
50 années plus tard, l’usine de la Rance reste la seule à être aussi performante. En Corée du Sud toutefois, un site d’envergure plus importante a été inauguré en 2011 mais « elle produit moins car elle ne fonctionne que dans un seul sens, alors que la Rance fonctionne à marée montante et descendante » souligne Michaël Allali. Plus près de chez nous, en Grande-Bretagne, un projet similaire est dans les tuyaux depuis plusieurs années pour une méga-infrastructure s’appuyant sur un barrage de 22 km de long contre 750m pour la Rance. Prévue pour être installée dans le sud-ouest du Royaume à l’embouchure de la Severn, l’usine britannique a pris du retard car le groupement d’investisseurs à l’origine du projet n’est pas encore convaincu que la rentabilité de leur usine soit aussi intéressante que celle de la Rance.
Quelques voix contre se font entendre