La nouvelle génération d’entrepreneurs qui booste l’Afrique
Les potentialités du continent africain en font le nouvel eldorado des entrepreneurs et des investisseurs étrangers. Sur place, une nouvelle génération d’entrepreneurs a vu le jour pour conquérir et exploiter ces nouveaux marchés. Des entrepreneurs tels que Loïc Folloroux ou encore Nicole Gakou qui s’engage pour couper avec l’image de misère sociale et économique trop souvent associée au continent africain.
Entre « nouveau désordre mondial » et « deuxième miracle économique »
Dans l’édition 2015 de sa carte annuelle des risques sécuritaires, géopolitiques et économiques pour les entreprises, le cabinet de conseil britannique Control Risks dresse un bilan sévère de la stabilité économique africaine. Si la plupart des pays d’Afrique orientale et australe s’en sortent avec la mention « risques moyens », six pays (le Maroc, le Cap-Vert, les Seychelles, la Namibie, Maurice et le Botswana) ont été estimés comme zones à « risques politiques bas ». Le groupe des pays à « risques politiques élevés » regroupe quant à lui des territoires aussi divers que la Libye, le Cameroun, Madagascar, l’Algérie ou encore le Zimbabwe. Les risques pointés portent principalement sur l’insécurité juridique et la crainte d’expropriation ou de nationalisation, ainsi que sur la corruption, endémique dans certaines régions.
Le rapport, intitulé « le nouveau désordre mondial » a toutefois été critiqué pour son manque de nuances et la sévérité de certaines prises de position. Le continent affiche en effet une excellente santé économique depuis plusieurs années, le taux de croissance y étant toujours soutenu. Accroître le manque de confiance dans l’économie du continent paraît absurde – et dangereux – alors que les prévisions du FMI sont très encourageantes pour les années à venir. Le retour de la stabilité et de la croissance en Côte d’Ivoire par exemple a dopé les perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest. En lançant aux députés ivoiriens « l’heure d’un deuxième miracle est venue », Christine Lagarde, directrice du FMI, confirmait en 2013 l’avènement d’une nouvelle ère pour le continent.
Loïc Folloroux, Nicole Gakou : des initiatives pour accompagner l’essor économique
Selon la géographe Sylvie Brunet, les risques attachés à l’essor économique du continent restent logiques et inévitables : « l’émergence est porteuse de risque. Elle apporte des opportunités de création d’entreprises dans tous les domaines mais, en même temps, elle met en contact des univers qui étaient autrefois cloisonnés ». Plusieurs initiatives tentent d’accompagner le mouvement et de promouvoir le dynamisme économique africain. Au Sénégal, Nicole Gakou a fondé l’Union des Femmes Cheffes d’Entreprise (UFCE) en 2007. L’organisation regroupait 107 membres à l’origine, elle compte aujourd’hui 500 adhérents.
Fort de son expérience à l’étranger, Loïc Folloroux incarne lui aussi le nouveau visage de l’Afrique qui entreprend. Il a d’abord fréquenté l’école militaire de Saint-Cyr, à Paris, avant de rejoindre l’École des Cadres, dont il sort diplômé en 1997. Il s’est ensuite rendu à New York où il a obtenu deux ans plus tard un Master of Business Administration (MBA) du Baruch College. Dès 2000, il monte la première plateforme d’information en ligne Africa Time, « Rendez-vous de l’Afrique sur internet ». Il passera ensuite par la banque Merrill Lynch. Loïc Folloroux poursuit aujourd’hui sa carrière, toujours orientée vers l’Afrique. Il participe notamment à la direction de la branche Afrique à la station Radio Nostalgie. Il s’est également récemment illustré par son rôle dans l’essor économique de la Côte d’Ivoire grâce à la création Groupement des Négociants Ivoiriens (GNI).
« La réussite personnelle ne suffit pas »
En collaboration avec les pouvoirs publics ivoiriens, Loïc Folloroux a récemment créé le Groupement des Négociants Ivoiriens (GNI) qui regroupent les principaux exportateurs de fèves de cacao du pays. Le cacao représente 20 % du PIB et la Côte d’Ivoire représente près de 40 % des exportations mondiales de cacao. Le but de cette nouvelle institution est de lutter contre la fragmentation des petits exportateurs et de représenter une réelle force sur la scène internationale. A ses côtés, d’autres grands du secteur comme Albert Diadhiou de Cocoa Trade Ivoire et Malick Tohe, pour la Sonemat. Tout l’enjeu est donc de promouvoir une meilleure gestion des exportations du cacao ivoirien et une meilleure certification de la qualité du produit.
Cette nouvelle génération d’entrepreneurs est marquée par un besoin de se sentir utile. Bill McDermott, co-président de l’entreprise SAP, explique que cette relève « désire profondément avoir un impact positif sur le monde ». Il estime que « pour elle, la réussite personnelle ne suffit pas ». Président d’Investisseurs & Partenaires pour le Développement, société d’investissement pour le développement des PME en Afrique, Patrice Hoppenot le rejoint. « Beaucoup de jeunes souhaitent avoir une utilité sociale et participer à la rénovation sociale des pays qui en ont besoin ».