Réforme de la taxe sur l’électricité : un élargissement au gaz est-il une bonne idée ?
Le mois dernier, on apprenait que la taxe sur l’électricité pourrait être étendue au gaz et à l’essence dès la rentrée. Cette mesure, qui permettrait de faire baisser la facture d’électricité des consommateurs, replace une nouvelle fois le gaz naturel au centre des stratégies énergétiques à venir. Une importance que la COP 21 devrait confirmer.
Jusqu’à 10 % de baisse sur la facture d’électricité
Le 25 juillet, une information parue dans le JDD révélait que la taxe « CSPE » (contribution au service public de l’électricité) pourrait désormais concerner les énergies carbonées, à savoir le gaz et les carburants, quand elle n’est pour l’instant prélevée que sur la facture d’électricité. La CSPE est une taxe payée par les ménages et les entreprises et qui participe majoritairement au financement des subventions aux énergies renouvelables. Lors des débats parlementaires sur le projet de loi relatif à la transition énergétique, Ségolène Royal s’était fermement engagée à ce que le gouvernement présente un projet de réforme de la CSPE qui puisse être intégré au projet des lois des finances de 2016.
D’après le JDD, le ministère de l’Économie aurait donc avancé sur le dossier et envisagerait deux directions possibles. Une première viserait à reporter l’ensemble de cette charge sur la facture de gaz et déboucherait sur une diminution de la facture d’électricité de l’ordre de 4 %. Le deuxième scénario consisterait à partager la taxe entre l’électricité, le gaz et l’essence. Cette option semblerait pour le moment remporter l’adhésion des pouvoirs publics et de certains professionnels du secteur et permettrait de réduire de 10 % la facture d’électricité.
Pendant que Bercy pèse le pour et le contre, les acteurs du marché du gaz montent au créneau et dénoncent une mesure qui provoquerait, selon l’association française du gaz (AFG), une augmentation de 12 % de la facture de gaz si la première piste venait à être adoptée. 11,8 millions de consommateurs seraient concernés par ce que l’AFG n’hésite pas à qualifier de « hausse injustifiée et insupportable du prix du gaz ». Pour l’association, faire porter la CSPE au gaz « porterait un coup sévère à l’utilisation du gaz qui est l’énergie fossile la plus respectueuse de l’environnement et en particulier la moins émettrice de CO 2 ».
Le gaz naturel : une énergie propre
Le gaz a beau être une énergie fossile, elle reste bien moins polluante que le pétrole ou le charbon. Les émissions de gaz CO2 engendrées par la combustion du gaz ne s’élèvent qu’à la moitié de celles provoquées par la combustion du charbon. Une caractéristique qui fait du gaz un précieux allié lorsqu’on parle de transition énergétique. Le gaz est également 30 % moins cher que l’électricité et 25 % moins cher que le fioul, un argument attractif quand les tarifs d’EDF ne cessent d’augmenter (hausse de 6 % en 2014). Enfin, alors que la raréfaction des énergies fossiles se fait de plus en plus menaçante, on disposerait encore de 120 années de consommation de gaz.
Dans un contexte qui tend à privilégier les ressources énergétiques propres et favoriser l’essor des EnR, le gaz sera amené à jouer un rôle prépondérant que nos dirigeants ne doivent pas sous-estimer. Particulièrement aujourd’hui alors que la COP 21 se prépare activement dans l’hexagone. L’événement, qui se tiendra en fin d’année à Paris, doit parvenir à un accord international pour nous permettre de lutter correctement contre le dérèglement climatique et d’amorcer « la transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone ».
Pour ce faire, les chefs d’états qui se rencontreront à Paris auront raison de placer le gaz au cœur de leurs stratégies énergétiques et de profiter de ses nombreux avantages en matière écologique. Présentée comme la deuxième énergie fossile dans le mix énergétique à l’horizon 2035, le gaz devrait alors satisfaire plus d’un quart de la demande d’énergie mondiale. Cette « filière d’avenir », promise à un véritable « âge d’or » dans les prochaines années, a donc tout pour devenir le ciment qui fera tenir le nouveau modèle énergétique français et international.