Mobilité partagée : une affaire qui roule
Sous l’impulsion de Bertrand Delanoë suivi par Anne Hidalgo, la municipalité parisienne s’est lancée dans une campagne anti-voiture. Objectif de la manoeuvre : rendre l’air plus respirable, améliorer la qualité de vie dans la capitale. Si les premiers résultats se font déjà ressentir, on ne les doit pas qu’aux contraintes plus lourdes mises en place par les pouvoirs publics, mais également à un changement de comportement spontané des automobilistes, qui optent de plus en plus pour un modèle alternatif : la mobilité partagée.
La voiture n’est plus l’objet vénéré qu’elle a été autrefois. A tel point que les pouvoirs publics ne se privent plus de l’attaquer régulièrement. Dans ce domaine, le Conseil de Paris se distingue depuis une décennie avec un groupe écologiste très influent. Il est devenu encore plus difficile de circuler dans la capitale et le stationnement est un casse-tête souvent insoluble. Jamais vraiment avoué ni démenti, le but de toutes les décisions en matière de circulation vise à rendre ce type de transport si pénible que les Parisiens décident finalement d’eux-mêmes de changer le mode de déplacement.
Cette technique de Sioux est assez efficace en matière de trafic. Seuls 16 % des Parisiens utilisent leur véhicule pour se rendre au travail chaque jour. Ils sont 43 % en région Ile-de-France. La voiture est peu à peu délaissée, mais pas encore assez : les effets sur la pollution tardent à venir. Les récents pics de pollution sont le signe que de nombreux progrès restent à faire en la matière. Un constat que dresse aussi le plan anti-pollution présenté le 9 février dernier par Anne Hidalgo. La chasse aux véhicules diesel dans la capitale n’est pas une mauvaise solution, mais doit de toute façon être couplée à d’autres initiatives. Et ça tombe bien, puisque si les pouvoirs publics peinent à mettre en place une politique des transports réellement novatrice et efficace, les Français, eux, prennent le problème à bras le corps.
Autopartage, covoiturage, véhicule avec chauffeur : la révolution en douceur
Le comportement des automobilistes tend en effet à se transformer, même si tout indique que leurs motivations sont avant tout budgétaires. En Ile-de-France, le panier moyen pour être l’heureux propriétaire d’un quatre roues est de près de 6 000 euros par an. Certains peuvent encore se le permettre, mais beaucoup ont déjà opté pour le covoiturage ou, surtout, l’autopartage. Impossible de passer à côté de ce concept qui a tous les aspects d’un mouvement de fond. L’effet de simple mode est depuis longtemps dépassé et la voiture se vit aujourd’hui d’une manière plus conviviale. La hantise des écologistes est de voir des kilomètres de bouchons où dans chaque voiture, seul le chauffeur trépigne d’impatience. Des tonnes de CO2 pour le déplacement d’un seul individu. L’autopartage change la donne avec des véhicules dont profitent désormais tous ceux qui veulent prendre la voiture, mais qui n’en n’ont pas.
Autre évolution qui ne se fait pas sans heurts, elle, la tendance aux véhicules avec chauffeur. Fini le monopole des taxis dans les grandes villes, le côté pratique et le besoin de voir son budget déplacement à la baisse poussent les particuliers à utiliser ce mode de consommation alternatif, voire parfois à passer derrière le volant pour arrondir leurs fins de mois. Si le gouvernement est encore sceptique, le temps joue en faveur de ce mode de consommation innovant.
Accompagner le mouvement d’une mobilité différente, plus responsable, n’est pas une option pour l’Etat, qui foulerait au pied toutes ses ambitions environnementales en choisissant de tourner le dos au développement de cette façon de se déplacer. Mais le problème de la pollution ne doit cependant pas se cantonner à la voiture : les industries qui rejettent le plus de CO2 doivent également être l’objet des inquiétudes du ministère de l’Ecologie et des Français.