Live streaming illégal : péril en la demeure

Live streaming illégal : péril en la demeure

 Le streaming a la cote. Le problème, c’est que si une minorité d’internautes se dirige vers des contenus légaux, souvent payants, l’écrasante majorité d’entre eux a recours à des vidéos diffusées illégalement. Pourquoi ces sites font-ils tant florès ? Sans doute parce que, dans l’ensemble, les consommateurs de ces contenus sont persuadés de l’innocuité de la pratique. A tort, comme nous l’explique une étude de l’Association of Internet Security Professionals (AISP), qui s’est plus particulièrement intéressée au live streaming illégal.

 

La cybercriminalité bat son plein. Entre 2013 et 2014, le nombre d’incidents de sécurité informatique a fait un bond de 48 % dans le monde, à en croire une étude du cabinet PwC. Une enquête qui pointe du doigt un autre fait inquiétant : 70 % des incidents ne seraient pas repérés. Autrement dit, la plupart des cybercriminels agissent dans l’impunité la plus totale.

Cette recrudescence monstre s’explique. Il suffit de constater l’augmentation constante du nombre de personnes ayant accès à Internet pour comprendre que l’enjeu est de taille pour les escamoteurs du Web. 41 % de la population mondiale dispose désormais d’une connexion, pour un temps moyen de 4,8 heures par jour passé en ligne.

Si la plupart des cybercriminels passent entre les lignes du filet judiciaire, c’est qu’ils ont parfaitement assimilé la notion de cyberguerre. Toujours avoir un coup d’avance, une arme offensive plus perforante et performante que les armes défensives des instances coercitives. Les dégâts sont colossaux. Le coût de la cybercriminalité est estimé à 445 milliards de dollars dans le monde…

Parmi les techniques les plus usités par les hacker, notons l’envoie d’e-mails frauduleux, l’infection de sites ou encore la création de toute pièce de sites malicieux. Ces pièges permettent d’orchestrer des méfaits parfois graves, comme l’extorsion de fonds, l’usurpation d’identité, le détournement de mineurs, etc.

Particulièrement sensibles aux actions malveillantes des pirates, les sites de live streaming illégal sont les plus touchés. Pourquoi ? Parce qu’ils s’adressent en général à des internautes pressés de mettre la main sur des programmes diffusés en direct, donc peu regardants sur la facture des sites hébergeant ces programmes. Le live streaming sportif illégal représente, à ce titre, un filon intarissable pour les hackers.

A grand renfort de chiffres, l’AISP tire la sonnette d’alarme. Son rapport s’intitule « Illegal Streaming and Cyber Security Risks : a dangerous status quo », et il est plutôt édifiant. On y apprend ainsi, en vrac, que 500 millions d’ordinateurs seraient infectés par des logiciels malveillants dans le monde, à raison d’une nouvelle infection toutes les 18 secondes. Au moins 80 % des sites de streaming illégal et, à plus forte raison, de live streaming illégal, hébergent des malwares à leur insu. Chaque année, ce sont 67 milliards d’euros qui sont dépensés dans le monde en achat de services de sécurité sur Internet. Colossal, mais encore insuffisant, puisque comme dit plus haut, ces services sont continuellement dépassés par la vélocité des cybercriminels.

Si l’on doutait encore de la toxicité des sites de live streaming illégal, nous voici donc prévenus. Ce que ne dit pas l’étude de l’AISP, c’est comment lutter face à ce fléau. Ou plutôt si, en fait, mais sans se battre, plutôt en évitant de se promener sur le champ de bataille, pour couper les ressources des criminels à la source. Autrement dit, pour éviter les coupeurs de route, autant éviter de prendre les routes dangereuses. CQFD. L’AISP préconise enfin de sensibiliser davantage les internautes aux dangers du live streaming. Une nécessité, en effet.

Hélène Bonder

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.